Archives pour la catégorie Revue De Presse

Les NTIC pour promouvoir la communication culturelle

Les NTIC pour promouvoir la communication culturelle

Par : Nabila SAIDOUN

L’opérateur de téléphonie Nedjma ne pouvait, en effet, trouver meilleur orateur que le professeur et ancien ministre et ambassadeur, en l’occurrence, Mustapha Cherif pour aborder le débat sur le rôle des nouvelles technologies à savoir les télécommunications, la téléphonie mobile et les multimédias dans la promotion de la communication culturelle. À l’institut de Nedjma, la rencontre, organisée jeudi dernier par l’opérateur, entrant dans le cadre de formation du club de la presse, a permis aux différents médias d’aller au-delà de l’aspect technique des NTIC, de connaître leur influence et leur impact et leur rôle dans la sauvegarde, en premier lieu, de l’identité culturelle. L’auteur de Le défi du savoir en Algérie, le dernier ouvrage en date parmi les écrits de Mustapha Cherif, est revenu à l’occasion, sur les métiers de la communication culturelle qui englobent notamment les animateurs, les créateurs, les artistes, les médiateurs culturels, les intellectuels et les journalistes. Ces professionnels de la communication culturelle ont pour vocation de “favoriser la circulation des idées, l’émergence de cultures spécifiques et la démocratisation culturelle”. L’orateur a également fait ressortir la dimension géopolitique et la nécessité du renouvellement du savoir et des idées. “Le renouvellement des idées ne peut s’opérer que par le débat”, soutient celui qui vient d’être apostrophé par le prix de l’Unesco du dialogue et des cultures. Préoccupé par ce que nous pouvons léguer aux futures générations, le conférencier a prôné l’équilibre entre le savoir critique et la nécessité d’écouter l’autre. Partisan du?“juste milieu”, Mustapha Cherif n’a eu de cesse de marteler que “l’économie libre doit aller de pair avec la justice sociale”. Il développera, en outre, le principe de la “technoscience” et ne manquera pas, en ce sens, de disserter sur “la place de l’individu dans l’ère de la communication moderne”. Sur un autre volet, le Pr Mustapha Cherif prévient contre le risque de “la prédominance du modèle culturel occidental sur le reste du monde” d’où l’importance, de son avis, de “porter des références et modèles spécifiques à la connaissance des nouvelles générations et que des actions culturelles puissent être menées au sein des écoles et des universités afin de faire émerger des citoyens, dotés d’un jugement rationnel et capables d’intégrer la mondialité sans perdre leurs repères”. Raison pour laquelle, Mustapha Cherif, qui a reçu également en 2013, le prix italien Ducci de la culture pour la paix, a mis l’accent sur “la nécessité d’approfondir nos référents, notre héritage, nos héros et nos valeurs” pour “garder notre mémoire vivante” et sur l’importance?“d’être fiers de nos racines tout en étant ouverts sur le monde” et surtout de la pertinence de se hisser à la qualité et l’excellence à plus forte raison que les nouvelles technologies nous offrent l’occasion propice pour y arriver. Il parlera, alors, de valoriser le récit national sans tomber dans l’apologie ou le dénigrement et appelle “à la créativité” en guise de rempart à “une inflation d’images et de messages si peu en adéquation avec notre identité”.

Économie et savoir

Économie et savoir

(APS) mercredi 19 juin 2013 17 : 29
Nécessité de revoir les conditions de production du savoir, sa diffusion et sa capitalisation (expert)
ALGER – La nécessité de revoir les conditions de production du savoir, sa diffusion et sa capitalisation a été soulignée, mardi à Alger, au deuxième jour du Forum économique et social du cinquantenaire de l’indépendance, organisé par le Conseil national économique et social (CNES) et dont les travaux se poursuivent en ateliers.
Le modérateur de l’atelier « Capital humain et économie du savoir comme garants de l’avenir », Mustapha Cherif, a mis l’accent dans son intervention, sur la nécessité de revoir les conditions de production du savoir, de sa diffusion et de sa capitalisation en raison des « défis » relatifs à la mondialisation des progrès techniques et scientifiques auxquels est confrontée la société algérienne.Il a relevé à ce propos que l’avenir dépend du savoir, de l’aptitude à faciliter la circulation des savoirs et des élites ainsi que leur renouvellement et leur valorisation, estimant à ce titre que l’Algérie est riche de ses potentialités.
« L’Algérie est en voie d’être un pays émergent, mais cela dépend de la synergie, du travail et de la responsabilité collective pour que demain le pays soit une vraie et une grande puissance sur le plan technique et scientifique », a-t-il estimé.

Journal Chourouk Qatar

a venir

 

????????? ????? ?????? ???? ????? ?? ?????? ??? ???????

 

???? ?????? ????? ????? ???? ??? ?????? ??????? ????????? ????????? ???????? ???? ??? ????? ??? ????? ?????? ??? ??????? ??? ?????????? ????? ???? ???? ????? ?  ??? ?? ??? ?????? ???? ???? ??????? ?????? ????? ???? ???? ??????? ?? ??????? ??? ?? ???? ??????? ?? ????? ??????? ????? ??????? ??? ??????? ? ??? ????? ?????? ???? ?? ???? ???? ??? ?????? ???????? ?????? ???? ?????? ???? ???? ???????? ?? ???? ???? ?????????? ?? ??? ????? ??????? ??? ??????? ??? ?? ??? ????? ?????? ???? ??????? ???????? ?? ????? ???????? ????????.

??? ???? ???? ?????? ?? ???????? ??? ????? ???? ?? ?? ???? «??????? ?????? ???? ?? ??? ?????». ????? ?? ???? ???? ????? ??? ?????? ?? ???????? ??????? ???? ??? ????? ?? ???? ?????? ?????? ?????? ?? ????? ??? ?????? ????????????  ???? ??? ??? ??? ?? ???????????? ????????.

??? ????? ?????? ??? ????? ?????? ??????? ????? ????? ?? ??????? ????????? ?????? ????????? ?? ???????? ?????? ?? ????? ??? ??????? ???????? ??????? ?? ??? ???????? ?????? ??? ??? ???? ?????? ???? ???? ?????? ?????? ?????? ??? ??????? ??????? ??????? ???????? ????????? ? ?????? ?? ???? ??? ?????? ???? ?? ?????? ????? ??? ?????? ?? ????? ???? ??? ????????.

???? ??????? ??????? ????????? ???????? ?? ?????? ????? ??? ?????? ??????? ?????????? ??????? ?????? ??? ??????? ???????? ?? ?????? ???? ??? 1993????? ??? ????? 2013 ??????? ???????? ????????? ?????.

??? ?????? ??????? ?? ????? ?????? ??? ??????? ?????? ??????? ???? ??????? ???? ?????? ??? ????? ????? ?????? ????????/ ??????? ??????? ??????? ???? 2013 ???? ?? ?? ??? ????? ???????? ?? ??? ????.

 

Unesco-Sharjah prize-winner Mustapha Chérif

The Algerian thinker Mustapha Chérif is the joint recipient of a major Unesco prize. Courtesy Mustapha Chérif

 Algérie. Mustapha Chérif lauréat du Prix Unesco-Sharjah pour la culture arabe 2012

Journal The National UAE

Unesco-Sharjah prize-winner Mustapha Chérif: ‘Arab culture can help make sense of modernity’

Hannah Westley

Apr 23, 2013


The prestigious Unesco-Sharjah Prize for Arab Culture is awarded to individuals or institutions who contribute to the development, dissemination and promotion of Arab culture in the world.

This year’s prize, to be awarded tomorrow at the Unesco headquarters in Paris, is shared between the Arab British Centre and the Algerian scholar and essayist Mustapha Chérif. Selected by an international jury for his promotion of intercultural dialogue, which has spanned more than 30 years, and the understanding of Arab and Islamic cultures, Chérif was also recently awarded the Ducci Foundation Peace Prize 2013.

« Receiving a prize such as this, or the Peace Prize, is a form of consecration, encouragement and distinction, » says Chérif. « It encourages me to believe that the work I do bears fruit. I hope that it is mutually beneficial, in the sense that the prize highlights my work but that my receiving the prize brings its existence to a wider audience. »

An intellectual of international renown, Chérif has taught at universities in Algeria, France and Spain and is responsible for setting up Europe’s first online master’s degree in Arabic and Islamic studies.

« I see myself as a sort of courier and link between worlds. This prize goes to show that it is still possible to work on the dissemination of knowledge; to come out of cultural or national isolation and to learn from other cultures. I try to open up dialogue that respects diversity and the right to be different. Cultural dialogue contributes to understanding and resolving a range of problems, and we all share a common destiny.

« I would define my role as that of an intercultural mediator. My work helps to build bridges. Islamic culture is not well-known and is often misunderstood in many parts of the world, and furthermore sadly misrepresented by a minority. Yet this culture has all the qualities of reason, debate and logic. It is rich in every domain and has withstood the test of time; it should provide us with the basis to construct a new civilisation. »

Chérif has published 11 books on Islamic civilisation, its interpretation and its role through history and in the modern world. « For over 30 years I have worked on the issue of how to keep the roots of Arab culture alive; and how to keep the roots of our culture in step with the modern world. Arab culture is one of the most ancient cultures in the world; it has enriched civilisations on five continents. Society today owes much to Arab culture but its humanism is not well enough appreciated. »

The founder and president of Algeria’s Université de la Formation Continue, a former minister of higher education and Algeria’s ambassador in Cairo, Chérif was born in the country in 1950 to an intellectual and spiritual family.

« My family had a profound love of its country but accorded equal importance to the diversity of cultures, to tolerance and dignity. I studied at the Sorbonne in Paris and in Toulouse. From a young age, my work was focused on how to remain faithful to my origins and how to apply those values to a changin


Read more:
http://www.thenational.ae/arts-culture/unesco-sharjah-prize-winner-mustapha-ch-rif-arab-culture-can-help-make-sense-of-modernity#ixzz2RsJDwgFB
Follow us:
@TheNationalUAE on Twitter | thenational.ae on Facebook

Lu

Lu dans El Watan

le 13.12.12 |

Publication. Le Coran et notre temps de Mustapha Chérif

Immersion dans la pensée musulmane

Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte

Nouvel essai de Mustapha Chérif, ancien ministre, professeur à l’Université d’Alger et spécialiste de la civilisation musulmane et du dialogue des cultures.

S’appuyant sur une démarche académique empruntant aux sciences sociales pluridisciplinaires les méthodes scientifiques les plus éprouvées, l’auteur invite le lecteur musulman et non-musulman à une immersion dans la pensée musulmane et à une lecture «ijtihadiste» du Coran, loin des dogmes et de la compréhension rigide et ritualiste des tenants de l’orthodoxie musulmane portée par le courant salafiste. Le propos est d’actualité et l’auteur n’a pas manqué d’ailleurs dans le préambule de planter le décor, affirmant que «l’image de l’Islam est méconnue et se trouve au cœur de problèmes et d’enjeux qui secouent le monde».

Surtout, précise-t-il, depuis la chute du mur de Berlin et les attentats du 11 septembre 2001. «Il est impérieux de travailler à une lecture et à une présentation du Coran qui répondent aux exigences des temps contemporains», souligne l’universitaire. Tout au long de son essai de 366 pages, paru aux éditions ANEP, Mustapha Chérif se fera le fervent défenseur de l’ijtihad (interprétation) quant à la lecture et l’exégèse du Coran. A la présentation linéaire et figée dans le temps et l’espace de certains penseurs musulmans autoproclamés gardiens de l’authenticité du message coranique, l’auteur oppose une lecture audacieuse du Livre Saint, fondée sur une analyste structuraliste qui ne fait pas dire autre chose au Coran que ce qui est véhiculé par la Parole révélée. Rien de plus, rien de moins.

Mustapha Chérif défend, dans cet essai, l’idée d’un Islam, religion d’ouverture et de tolérance qui concilie authenticité et progrès, foi et raison , temporel et spirituel comme il l’a fait du reste dans tous ses autres ouvrages et dans ses positions et déclarations publiques sur l’universalité du Livre Saint, autant que sur son intemporalité. «En tant que Message pour une grande partie, le Coran a une ligne directrice, des aspects clairs, permanents, valables en tout temps et lieu. En même temps, il véhicule parfois des informations que nous pouvons appréhender différemment d’un lecteur à l’autre, d’une époque à l’autre, selon le contexte et à la mesure de la compréhension de chacun», argumente l’auteur, qui renvoie dos à dos le «courant de la tradition fermée» et le «courant dit moderniste qui impute à l’Islam les dérives extrémistes commises en son nom».  «L’Islam se veut Orient et Occident, favorable au progrès, au vivre ensemble et à la diversité», relève l’universitaire.

Pour mieux comprendre la profondeur du Message coranique, Mustapha Chérif invite les lecteurs à découvrir le processus historique de la révélation du Message divin depuis la «descente» des premières sourates, en s’arrêtant sur les périodes charnières de la collecte et de l’authentification des versets par les différentes chevilles ouvrières que furent d’abord le prophète Mohamed (QSSSL), et ensuite les différents califes qui ont patiemment rassemblé, sauvegardé les matériaux sacrés sous forme d’écrits immortalisés sur des feuilles de palmiers, des omoplates de chameaux et sur des pierres plates, avant d’être envoyés à l’édition avec l’avènement de la Révolution industrielle et de l’imprimerie.

Dans son essai, l’auteur se livre à une analyse de certains versets et sourates qu’il considère comme fondatrices de la dimension infinie, inimitable, universelle du Coran. Tout comme il s’efforce de dépeindre le portait du bon musulman à la lumière de la pratique religieuse puisée de l’observation des cinq piliers de l’Islam, dont il dissèque avec un grand souci didactique le sens profond et le message authentique prôné par le Livre Saint.

O.B

Entretien au sujet des deux nouveaux ouvrages !

Mustapha Chérif : « Islam, musulman, croire,

signifient « se mettre en état de paix »

Un entretien avec Mustapha Cherif, philosophe, expert du dialogue des cultures et des religions, professeur à l’Université d’Alger et directeur scientifique du Master International en Civilisation musulmane à l’Université Ouverte de Catalogne. Auteur d’une dizaine d’ouvrages, il vient de faire paraître aux éditions Al Bouraq à Paris (et à l’ANEP à Alger)  « Le Coran et notre temps » et « Le Prophète et notre temps ».

Pourquoi ces livres aujourd’hui sur le Prophète et le Coran?

L’avenir du monde dépend en partie du dialogue interculturel et de la relation entre les deux rives de la Méditerranée. L’ignorance a pris trop de place. L’islam est méconnu et l’objet de controverses. La littérature qui existe à son sujet est souvent celle du dénigrement, de la désinformation, de l’islamophobie, d’orientalistes et néo-orientalistes aux visées malsaines, et celle d‘intellectuels dits de culture musulmane qui se renient et se flagellent ; ou bien au contraire celle de l’apologie et du sentimentalisme de musulmans qui ne savent pas transmettre le vrai message, notamment en direction des non-musulmans.

Le Prophète est un modèle par excellence de l’humain pleinement équilibré et ouvert que le monde dominant ne connait pas. Il est celui qui est venu donner du sens et apprendre à l’humanité à surmonter l’épreuve du vivre-ensemble, de manière juste, digne et responsable. Il a libéré l’humain, contre toutes les formes d’oppression, institué la sécularité, encouragé la bonne gouvernance, l’Etat de droit et la citoyenneté, cela n’est pas assez connu.

Mon essai sur le Prophète ne se contente pas de relater sa biographie. Il présente un  éclairage nouveau dans un langage accessible, moderne, en fonction des interrogations de notre temps.Quelles décisions le Prophète aurait pris aujourd’hui face à tant de défis? J’analyse des concepts et des événements clefs de son œuvre, afin de montrer que les questions  qui étaient centrales pour le Sceau des prophètes, celles du sens de la vie, de la justice et du comportement sage, rationnel et civilisé, sont d’actualité.

Aujourd’hui, parce que notre époque est en profonde crise et que des usurpateurs du nom de l’islam favorisent la confusion, il est nécessaire de se souvenir de l’Homme total et universel, le guide qui a permis la civilisation musulmane. Il écoutait, consultait et réfléchissait toujours avant de prendre une décision.En tirant les leçons de la vie et de l’œuvre du Prophète, nous apportons des réponses claires aux questions que des musulmans et des non-musulmans se posent.

S’humaniser, réfuter toutes les formes d’indignité, d’extrémismes, d’idolâtrie, de violence, défendre les droits humains, le droit à la différence et la stricte légitime défense en dernier recours, en forgeant une société fraternelle et du savoir faisaient partie des priorités du Prophète. C’est à des années lumière de ce que la propagande religiophobe et celle des fondamentalistes, tout à la fois, laissent entendre.

Quel est le public visé par  vos deux  ouvrages ?

Il s’agit de tenter de présenter le vrai visage de la civilisation musulmane, qui, contrairement à ce qui est colporté ou mal pratiqué,  se fonde sur la sécularité, l’égalité homme femme et le respect du pluralisme. Mes ouvrages, s’adressent à tout le monde, sans limites, à nous-mêmes pour  progresser et sortir des visions étroites et idéologiques, avancer sur la voie du développement harmonieux.  Ils  s’adressent aussi  à  l’Occident, pour sortir des amalgames et des impasses. Chacun doit sortir de ses points d’aveuglements. D’autant qu’il y a des occidents et des orients et que les deux mondes sont imbriqués, liés, mêlés. Malgré elle, notre religion est instrumentalisée, sujette  à des controverses, des stigmatisations et des préjugés inadmissibles.

L’intégrisme et le fondamentalisme sont l’anti-islam. La civilisation  musulmane est incomprise et injustement déformée par certains des siens et par des non-musulmans. En Occident, même si le  génie  du Prophète est parfois reconnu par des savants, et que tous ne confondent pas entre religion et fanatisme, sa grandeur et son œuvre sont méconnues par un grand nombre. Les xénophobes, les islamophobes,  pour faire diversion, prenant prétexte de l’usurpation du nom par une minorité d’inauthentiques musulmans, trompent les opinions publiques.

En ces temps de mondialisation agressive et inégalitaire, les délires anti-musulmans prennent des proportions démesurées, exacerbés par la méconnaissance et des visées inavouées; alors que l’enjeu de notre époque devrait être le vivre-ensemble, la primauté du droit et la recherche d’une nouvelle civilisation universelle commune, par-delà les différences et les divergences. Il nous faut pratiquer l’autocritique, communiquer, expliquer, preuves à l’appui, qu’il n’y a pas d’alternative raisonnable au dialogue et au partage, énoncer clairement nos valeurs, pas seulement dénoncer les mensonges proférés.

Il s’agit avant tout de cultiver, d’instruire, d’enseigner, d’éduquer afin de faire reculer l’ignorance sur des questions essentielles. Etre citoyen européen, ou du monde moderne,  et croyant est évidemment possible et visible. En ces temps de malaise et de crise dans la culture, la politique, l’économique, c’est une chance pour tous que la question de la civilisation, de la transcendance et de l’éthique se repose de nouveau.

Quelle est la relation entre la civilisation musulmane et le développement ou le sous-développement ?

La civilisation musulmane, bien comprise, l’une des plus belles de l’humanité, a favorisé durant des siècles le vivre-ensemble et le développement équilibré, pas seulement matériel, malgré des péripéties difficiles. Rester soi-même, tout en évoluant, et s’ouvrir au monde est le bon chemin. Le citoyen de confession musulmane est capable de progrès et peut exprimer tous les besoins humains de son déploiement existentiel, s’il base son existence sur le savoir et l’éthique spirituelle.

Produire des richesses, des idées et du bien, se développer,  est une exigence, tout en respectant une éthique, des finalités. Cela signifie que si aujourd’hui des pays musulmans sont en retard économiquement et scientifiquement, le problème n’est évidemment pas l’islam, mais la responsabilité de musulmans et leur comportement, selon le contexte social, politique et historique. Nul n’est immunisé pour toujours. Les causes multiples du retard actuel et des insuffisances sont d’ordre interne et externe, elles concernent les questions de la bonne gouvernance, de l’Etat de droit, de l’économique et du rapport à la science.

Malgré des progrès et acquis, et le monde musulman est hétérogène, les problèmes de la qualité du savoir, de l’éducation, de la recherche scientifique, de la culture, sont insuffisamment pris en charge; des despotismes non éclairés et les populismes qui instrumentalisent le sacré, aggravés par la domination inique du monde développé techniquement, hier sous forme de colonisation, aujourd’hui en termes d’hégémonie, d’ingérences et de libéralisme sauvage, rendent difficiles les voies du développement durable et alternatif.

Mais le mouvement d’émancipation et de développement se prouve en marchant, les citoyens de confession musulmane de partout et les sociétés de la rive Sud, dotés de valeurs éthiques et du sens de la dignité, résistent et aspirent au sens, à la justice, à plus de bien-être et à la coexistence. Je reste confiant, malgré la complexité de la tâche.

Vous défendez donc l’accord entre authenticité et progrès, entre raison et éthique, pourquoi et quelle est la relation entre eux ?

Ce qui compte c’est articuler, sans confusion ni opposition, les dimensions essentielles de l’existence.  Les atouts existent pour répondre aux nouveaux besoins et attentes des populations désorientées. Il faut s’y atteler, en s’ouvrant au monde dans la vigilance, en revivifiant nos repères et en s’impliquant. Il s’agit de réaliser l’articulation entre authenticité et progrès, entre le spécifique et le mondial, entre l’autonomie de l’individu et l’être commun. Ni communautarisme, ni individualisme déshumanisant. Dans ce sens, la culture doit assumer sa fonction de formation de la citoyenneté et du lien social.

Dans la civilisation, il n’y a aucune raison de choisir entre des dimensions complémentaires, l’authenticité et le progrès, entre éthique et raison, entre l’un et le multiple, elles sont indissociables et complémentaires. Communauté du juste milieu, il faut tenir aux deux dimensions, sans les confondre. L’éthique s’adresse à la raison pour l’éclairer et non pour la contredire. Aucun précepte coranique ne s’oppose à la raison, au bon sens et à la science. Des interprétations passéistes, limitées,  incultes et contradictoires peuvent aboutir à des résultats et comportements illogiques. C’est la responsabilité des élites de les corriger.

Croire en islam ne signifie pas « soumission » c’est une mauvaise traduction classique. Islam, musulman, croire, signifient « se mettre en état de paix », « faire confiance », dans la vigilance, pour nouer un lien profond avec le monde et l’au-delà du monde, se libérer et assumer ses responsabilités. Dans ce sens, s’attacher à une éthique c’est refuser l’inculture, le fanatisme, les pulsions de violence et les prétentions. Au contraire cela veut dire respecter le droit à la différence, la nature, autrui, les symboles communs, le bien commun, avoir des buts, des principes et assumer sereinement son destin propre. Ce sont des actes de sociabilité, d’humanisation, d’épanouissement.

Vous donnez une priorité majeure à l’éthique, pourquoi ?

Le Prophète mettait l’accent sur cette dimension. C’est ce qui manque le plus au monde actuel. La marchandisation de l’existence aggravée par l’athéisme dogmatique, ou sa fétichisation perpétrée par le fanatisme religieux, mènent à des impasses. Ethique spirituelle et raison sont deux dons en islam qui ne se contredisent pas. Rechercher le progrès au moyen de la raison est un acte naturel. Nous avons le droit de dire : science sans conscience, sans morale, sans éthique n’est que  ruine de l’âme.

Nous avons aussi le devoir de rechercher librement le progrès sous toutes ses formes, et en même temps sans éthique, cela devient inhumain. Nous sommes confrontés à deux formes d’extrémismes : la tendance qui a peur de la liberté et celle qui a peur du sacré, elles instrumentalisent l’une ou l’autre pour des buts étroits. Dans le monde musulman contemporain, la mauvaise compréhension de la religion est une des causes des retards en matière de développement, mais  ce n’est pas à cause de la religion en soi.

Puisque c’est grâce à elle que les arabes, les berbères et de nombreux de peuples autour de la Méditerranée et au-delà, turcs, persans, africains, asiatiques, européens et des juifs et des chrétiens etc…ont connu la civilisation universelle musulmane et le progrès scientifique durant des siècles qui s’appuyaient sur la liberté et l’éthique. Tout dépend en conséquence des conditions socio-historiques et de la place que l’on réserve au savoir, à l’éthique et à l’Etat de droit, trois priorités.

Dans tous les cas, il ne faut pas confondre le spirituel et le temporel, sans les opposer, tout en recherchant l’accord entre authenticité et modernité, ce qui signifie aussi entre liberté et éthique. Il n’y a pas de liberté sans loi, il n’y a pas de progrès sans liberté. Le Prophète est venu nous rappeler ces principes.

Quel message peut-on porter aux nouvelles générations ?

Sans élitisme, ni paternalisme, l’intellectuel doit sans cesse donner à penser, éveiller les consciences et cultiver les nouvelles générations, afin d’humaniser les rapports sociaux, contribuer à réaliser une société équilibrée, juste et solidaire, aider à l’unité, au rassemblement et à la formation d’une Nation apaisée, traversée par le souffle de l’être commun. Il faut la force de la passion du pays et de l’humanité, il n’y a rien de plus beau pour tout être humain digne de ce nom.

La force d’une société ce sont ses citoyens éduqués, cultivés, patriotes, et qui se respectent mutuellement dans leur diversité. Une citation du Prophète(hadîth) est à cet égard significative :«Je suis venu  parachever  l’éducation humaine». L’interconnaissance, se cultiver, pour apprendre à vivre ensemble, détermine l’avenir. Le XXI eme siècle et l’ordre mondial seront justes ou ne seront pas.

Entretien réalisé par  la rédaction site www.oumma.com

Le Coran et notre temps (aux éditions Al-Bouraq, Paris) (et Anep à Alger)

Le Prophète et notre temps (aux éditions Al-Bouraq, Paris) (et Anep à Alger)

Le temps du Hajj, le pélérinage !

La culture arabo-musulman éduque au partage et à la communion. C’est le temps du Hajj, le pèlerinage et des dix jours les plus sacrés du calendrier musulman, les 10 premiers jours de ce mis sacré « Dhu el Hija ». Le Hajj est le cinquième pilier obligatoire pour tout musulman: « Le pèlerinage à la Maison (Kaaba) s’impose à quiconque en a la possibilité. » (3.97). Le plus beau des voyages, le voyage spirituel à la Mecque est le moment où origine et devenir, individu et communauté, raison et foi, affirment leurs liens. Le «Voyage vers Dieu», le pèlerinage, se veut dévoilement, moment religieux qui permet de découvrir la « Maison de Dieu » , la Kaâba, premier temple bâti pour adorer « Dieu », espace lumineux et cosmique qui lie le ciel et la terre, le monde et l’au-delà du monde. Le pèlerinage permet de répondre à l’Appel de Dieu, de se purifier, de sceller l’alliance entre les croyants et Dieu,  d’approfondir la fraternité humaine et enfin exprimer dans le dépouillement total sa foi à l’Unique, en souvenir des prophètes, d’Abraham au Sceau des prophètes. Le 9 eme jour de ce mois est le plus important de toute l’année, de toute la vie de croyant: le rituel ce jour là est la Station, wuquf d’Arafat. Dans le territoire délimité d’Arafat, du matin jusqu’au soleil couchant, comme au jour de la résurrection,  il faut prier et s’adresser à « Dieu » dont la grâce, la baraka « descend » sur les pèlerins, privilège sans pareil. Le    lendemain, 10 dhû al-hijja , c’est l’Aid el Kebir, el Adha, du  sacrifice, en souvenir de l’acte de confiance , l’offrande qui symbolise le bélier que sidna Ibrahim a sacrifié à la place de son fils, sur ordre divin. En ces temps modernes troubles, il est vital de garder le cap sur la confiance, la purification de l’âme et le sens de la solidarité. Aid Mabruk ce samedi 5 Novembre 2011, jour de la Station d’Arafat, temps de jeûne pour ceux qui ne sont pas sur les lieux saints, et Aid mabruk pour ce dimanche 6 Novembre jour de l’Aid du sacrifice pour la seule Face de Dieu ! Être musulman signifie bien s’en remettre en confiance , dans la joie intérieure, la sérénité et la quiétude.  Salam.

Mustapha Cherif

Mustapha Cherif, L’invité de Setif.info en Octobre 2010

[ Pr Mustapha Cherif, philosophe, théologien et chercheur en sciences humaines et sociales

vendredi 1er octobre 2010 | Setif.Info

Diminuer la taille du texte Augmenter la taille du texte
Nous avons l’honneur, l’immense privilège et le grand plaisir de recevoir sur notre site comme invité du Mois, le Professeur Mustapha Cherifdurant tout le mois d’octobre.

Mustapha Cherif est un penseur soucieux de la vie en commun. Philosophe, théologien, chercheur en sciences humaines et sociales, en relations internationales, il est aussi expert du dialogue des cultures et des religions.

Docteur d’Etat ès Lettres en philosophie politique de l’Université de Toulouse, Docteur en sociologie de la Sorbonne. Professeur des Universités, notamment à l’Université d’Alger. Il a été professeur invité au Collège de France et enseignant associé à l’Université de Toulouse. Cofondateur et coprésident du Groupe d’Amitié Islamo Chrétienne en France et en Méditerranée. Il est membre des principaux forums mondiaux sur le dialogue interreligieux, de plusieurs associations méditerranéennes et internationales culturelles. Collabore comme chercheur invité aux activités de l’Institut Européen de la Méditerranée de Barcelone, de l’Observatoire de la Méditerranée à Rome, de la Bibliothèque d’Alexandrie et Directeur scientifique du Master International en Etudes islamiques à l’Université Ouverte de Catalogne. Monsieur Mustapha Cherif a été Ministre de l’enseignement supérieur et ambassadeur, représentant l’Algérie au Caire et auprès de la ligue des Etats Arabes. Il est également l’auteur de plus d’une centaine d’articles en sciences humaines et sociales, en islamologie et en relations internationales et de sept ouvrages : Livres : ” L’Islam et l’Occident, Rencontre avec Jacques Derrida “, édition Odile Jacob, Paris Novembre 2006. (Traduit et édité en Anglais, en Japonais en allemand et en Espagnol) ” L’Islam, tolérant ou intolérant ? “. Edition Odile Jacob, Paris Mars 2006. ” Orient-Occident, Jacques Berque “, avec Jean Sur, édition Anep, Alger, 2003. ” Islam et modernité “, en arabe ,édition Dar el Shourouk, le Caire, 1999 et en Français Enag, Alger 2001. ” L’Islam à l’épreuve du temps “, édition Publisud, Paris, 1991. ” Culture et Politique au Maghreb “, édition Maghreb Relations, Alger, 1989.  : Conversassions avec le Pape, qu’appelle t- on islam ? Parution à fin Octobre 2010

Source site de M Mustapha Cherif

Imprimer | Partager l’info : Envoyer à un ami Facebook MySpace iGoogle

test test

Questions-Commentaires (37)

2 octobre 2010, 20:47 , par faraxen :

Salam ’leykoum, bonsoir professeur.
C’est un grand honneur que vous nous faites que d’animer cet échange.

Pensez vous que les sociétés musulmanes aient certaines difficultés à vivre les phénomènes liés à la globalisation actuelle (économie et informations mondialisées) ou s’en trouvent plutôt relancées par les nouveaux moyens dont elles disposent (normalisation des séjours aux lieux saints de l’Islam, chaines satellites dédiées au ’ilm…).
En ce qui concerne la société algérienne en particulier, peut on dire qu’il existe aujourd’hui ,du fait de cette mondialisation, une offre spirituelle diversifiée dans notre pays ainsi qu’auprès des minorités musulmanes d’Europe et d’ailleurs.
Ce phénomène serait il lié à des choix libres de Musulmans en recherche d’un renouvellement de leur foi ou plutôt l’objet de stratégies extérieures de récupération (actions des réseaux évanlégiques américains, passage d’Algériens au chiisme en Europe, mouvements sectaires tels « Habacha » etc)

Réponse le 8 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Je vous remercie, il est de mon devoir de rester disponible dans l’intérêt général, notamment en direction des jeunes. Comme tous les autres peuples de la planète nous sommes face à des défis complexes. Cependant nous subissons doublement, comme les autres et en tant que musulmans, car nous sommes visés par le nouvel ordre mondial et nous ne savons pas bien répondre aux défis. La mondialisation est ambivalente. Elle offre des opportunités et en même temps elle porte atteinte à la souveraineté et à l’identité. La crise est mondiale, le système dominant pose problème et les musulmans, malgré leurs atouts et potentialités, n’arrivent pas encore à sortir de la décadence. Des expériences positives existent ici où là, car quand l’accent est mis sur les ressources humaines et la formation, le développement en sera le fruit. Les chaines satellitaires arabes ne sont pas encore à la hauteur, malgré des efforts et progrès, elles sont souvent dans la tradition fermée ou l’imitation de l’Occident. Il faut innover et favoriser la circulation du savoir.


3 octobre 2010, 19:07 , par Anonyme :

Dites nous quel a été le ou les sujets de votre rencontre avec le Pape .Quel a été pour vous meme le fruit de cette rencontre et comment avez vous apprécié ces échanges ou ces dialogues sachant que les extrémistes et fondamentalistes des deux bords font tout pour creuser encore le fossé qui s’est creusé entre les deux communauté

Réponse le 8 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Un intellectuel musulman, de surcroit algérien, chez le Pape Benoit XVI est un événement inédit qui a eu un impact international. Je compris que j’étais le premier musulman à rencontrer le pape pour parler de l’islam. J’ai tenu à le rencontrer dans le cadre du dialogue interreligieux. Parler humainement, de la meilleure façon, à celui que l’on considère comme la source d’une offense est une conduite musulmane. Ce que nous avons dit fait l’objet d’un livre qui sortira en Novembre 2010 chez les éditions Barzakh. Il s’agit de ma narration de cette audience privée, en tête à tête, dans son bureau personnel. Depuis longtemps, ma préoccupation d’intellectuel musulman, d’algérien et de citoyen du monde attaché au vivre ensemble, au pluralisme et au droit à la différence, tenait à plusieurs questions qui découlent toutes d’un constat : l’Islam est méconnu, dérange et l’injustifiable sentiment antimusulman s’amplifie. L’islam, incompris et attaqué, du dedans et du dehors, c’est un devoir que de tout faire pour présenter son vrai visage. Trop d’intellectuels musulmans ont déserté la question de la religion en général et de l’Islam en particulier, l’abandonnant à des catégories qui la réduisent ou qui l’instrumentalisent. On doit assumer nos responsabilités. Je lui aie dit pourquoi nous ne sommes pas d’accord avec son approche exprimée lors de son discours choquant de Ratisbonne et en même temps pourquoi, à nos yeux, de la relation islamo-chrétienne dépend l’avenir du monde. La culture civilisée de l’islam que le Prophète a légué et le souci de dénouer les nœuds et de contribuer au rapprochement entre les peuples, ont prévalu dans ma démarche.


4 octobre 2010, 23:35 , par Setamir :

Bonjour.

Un analyste de la scène politique écrit dans un journal algérien à propos des négociations « Israélo-palestiniennes » ceci : (extraits)
« Le sionisme, qui s’enlise dans une situation paradoxale de “ni guerre ni paix”, doit son existence à la perpétuation du conflit du MO dont il se sert comme alibi. Sa finalité de création d’un “État juif” — suite duquel il aurait dû être aboli — vise désormais la domination des gouvernements occidentaux, par l’infiltration, en s’appuyant sur des lobbies juifs puissants. »…..
« On comprend dès lors que le sionisme ne peut d’accommoder ni d’une paix au MO ni d’une paix dans le monde. Elle lui est antinomique car il ne peut survivre sans état de guerre, sans expansion… »
« Le sionisme est d’essence colonialiste et expansionniste. Il ne peut survivre sans ces conditions. La paix signifierait la fin de l’alibi permettant l’existence de cette idéologie et donc la “fin de mission” de toutes les organisations sur lesquelles s’appuie le sionisme pour imposer son hégémonie et une nouvelle guerre pourrait signifier sa disparition du fait du nouveau rapport de force. »
Partagez- vous cette analyse ? Si tel est le constat, que restent-ils aux arabes, selon vous, comme solutions ou actions pour régler définitivement ce conflit.

Merci.

Réponse le 8 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Les hypothèses et thèses sont diverses sur ce conflit et la stratégie des sionistes. Il est clair que la question palestinienne reste au cœur des enjeux mondiaux et du rapport islam occident. Ce n’est pas un simple conflit, il préfigure de ce que sera fait demain. Les sionistes extrémistes pratique l’apartheid, cherchent à dominer toute la région et profitent du sentiment de culpabilité des européens suite au génocide de la deuxième guerre mondiale. Un auteur juif américain parle de « l’industrie de l’holocauste » et de l’exploitation extrême de l’innommable pour en tirer profit. Les sionistes extrémistes cherchent à empêcher toute critique de la politique d’Israël et nourrissent et instrumentalisent l’extrémisme. Le sionisme extrémiste est dangereux, mais l’opinion internationale n’est pas dupe, elle compatit avec la juste cause palestinienne. Le problème est en nous, chez les régimes arabes qui n’utilisent pas les moyens pacifiques de pression pour changer le rapport de force et régler diplomatiquement cette question tragique. Cela viendra un jour avec des systèmes légitimes représentatifs des peuples.


4 octobre 2010, 23:53 , par Nasser :

Dans un article paru dans le quotidien Liberté, j’ai retenu un passage intéressant au sujet des « institutions internationales » ; que voici :
Ce sont toujours les pays riches et puissants souvent ex-colonisateurs qui en sont les initiateurs. Ces structures sont appelées instances de l’ONU, ONG et autres Unions auxquelles on établit des « règles », des « droits » et « obligations ».
Au fil du temps, des conjonctures internationales et des intérêts, ces structures ont été perverties pour devenir des auxiliaires et faire-valoir des lobbyings – associatifs à buts humanitaire, culturel, médiatique, etc. – riches et puissants qui s’organisent en monopole politique capable d’imposer leur point de vue, leurs objectifs, leur idéologie par la force souvent.
Sous couvert d’un droit international ratifié par les Etats pour se protéger des éventuelles agressions et injustices, surtout les pays pauvres dont les richesses sont convoitées, ces institutions ont été corrompues en instruments de chantage aux Droits de l’homme à la liberté d’expression et de conscience (nous voici au ’chantage à la paix’) susceptible, de « sanctions internationales » allant jusqu’à l’inculpation et l’arrestation d’un chef d’Etat même en exercice pour le cas de la Cour pénale internationale (CPI).
Que pensez-vous et quelles sont les retombées si les pays arabes et musulmans se retiraient de ces institutions ? Est-ce correcte, faisable et sans conséquences ?

Réponse le 8 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Les relations internationales ne sont pas démocratiques. C’est la loi du plus fort, les puissants de ce monde agissent souvent avec arrogance et brutalité, notamment depuis 1989, pour asseoir leur suprématie. Cependant, le monde occidental n’est pas hétérogène, au sein même des pays développés, nous avons des amis qui tentent de faire prévaloir la négociation et le droit. De plus, on ne peut pas « sortir » des organisations internationales. Il faut de l’intérieur faire évoluer les données, et cela en multipliant les alliances et en se reformant politiquement afin d’êtres crédibles.


5 octobre 2010, 21:15 , par ghafel :

Croyez-vous, docteur ,au mythe de BenLaden comme chef de file des terroristes présumés « islamistes » ou bien pensez-vous qu’il s’agit là d’un mythe préfabriqué ,un genre de cheval de Troie pour pénétrer les pays musulmans et salir l’Islam qui de répand dangeureusement pour l’Occident ,en installant une confusion aux yeux de l’opinion mondiale non avertie entre ce qu’on appelle « islamiste » (concept créé pour l’occasion ) et le « musulman  » surtout après les déclarations ,les contestations et les enquêtes de plus en plus nombreuses (Russel , Architectes américains , témoins visuels , etc…)qui tendent à rejeter la version officielle américaine sur ce qui s’est rééllement passé le 11 septembre 2001 aux Etats-unis et à privilégier le coup monté par l’administration Bush et les services secrets israéliens ?

Réponse le 8 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Tout est possible. Mais, les attentats du 11 Septembre, quelques soient leurs auteurs, ont montré d’abord que le phénomène est transnational. Ce fut pour l’Occident un traumatisme. Et pour l’Orient une catastrophe, car les attentats ont donnés raison aux propagandistes du choc des civilisations, dopés le sentiment antimusulman, déjà ancien, et déformés l’image des musulmans, alors que cela n’a absolument rien à voir avec leur religion. La théorie infâme de l’invention d’un nouvel ennemi pour faire diversion aux problèmes de l’injustice, comme en Palestine et dans le système mondial, a commencé avec la chute du mur de Berlin en 1989, mais après 2001, elle s’est généralisée. Dix ans après les dégâts sont immenses. Les extrémistes de tous bords sont manipulés et manipulateurs et peuvent mener le monde vers un désastre.


6 octobre 2010, 09:15 , par choix :

Que pensez-vous ,professeur ,du verset coranique :  » ?? ???? ??? ?????? ??? ??????? ??? ???? ????? » (??? ???? ??????)

Réponse le 8 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Comme tous les versets, il est magnifique et riche de sens. Cela signifie qu’il faut être vigilant, c’est l’appel à la prudence et à l’éveil des consciences, car les musulmans sont jalousés et visés, de par leur fidélité à leur foi, au Coran et au Nabi Sceau des prophète. Ce verset est à lier avec au moins deux autres versets, tout aussi beaux et centraux, en ce qui concerne la doctrine musulmane : celui qui stipule qu’il faut dialoguer (avec les gens du livre) de la meilleure façon et celui qui précise que Dieu n’aime pas les agresseurs. Vigilance, sens de l’ouverture et équité, telle est notre belle religion quand on la comprend bien. Salam aleikum.


7 octobre 2010, 18:47 , par Azwaw :

Bonjour tout le monde.
- Que pensez-vous de l’inquisition qui frappe les chrétiens et les musulmans non pratiquants en Algérie ?
- Pensez-vous que le monde dit arabo-musulman,peut accéder à la démocratie,à la modernité et à la liberté en rejetant le concept de laïcité ? Sachant que les seul pays musulman démocratique est la Turquie,un état laïque.
Merci Pr.

Réponse le 10 octobre 2010, par >Mustapha Cherif :

a) Il ne faut pas exagérer, le mot inquisition est totalement infondé. Il faut savoir raison gardée. La tolérance est indispensable, c’est le bon sens, la sagesse et l’islam qui le veulent. Nulle contrainte en religion. On n’a pas le droit de réprimer quelqu’un qui ne pratique pas ou qui a des idées différentes. Chacun est libre. Toute autre interprétation bureaucratique et excès de zèle sont inadmissibles. Reste en même temps à rester vigilant, car certains peuvent abuser et tomber dans la provocation. Il ne faut pas monter en épingle des faits divers isolés et stigmatiser. Malgré des crispations ici ou là, l’Algérie musulmane reste une terre de coexistence et n’est pas antichrétienne.

b) Il ne faut pas regarder le monde avec un prisme déformé. L’Occident n’a pas le monopole de la démocratie et de la civilisation, ni de la sécularité. Le progrés universel les musulmans durant des siècles l’ont favorisé. Aujourd’hui, nombre de pays musulmans sont sous developpés économiquement et culturellement, mais c’est un probleme politique et non pas religieux. Il n’y a pas que la Turquie comme pays islamique démocratique, mais d’autres comme la Malaisie, l’Indonésie, et d’autres y compris en Afrique. Il nous faut retrouver la ligne du juste milieu, ni système totalitaire , qui confond et instrumentalise la religion, ni systeme marchand, inhumain, sans morale, ni ethique , ni valeurs spirituelles. Le monde arabo-musulman a surtout besoin de bonne gouvernance, d’Etat de droit et de politique à la hauteur des aspirations des jeunes. La société du savoir et du progrès scientifique est incontournable, sans perdre notre âme. C’est un long chemin, mais on peut y parvenir.


9 octobre 2010, 12:25 , par Anonyme :

a)Un pan entier de notre histoire ancienne est « oublié »voire ignoré.Pourtant cette partie de notre histoire qui a précédé l’avènement de l’Islam en Algérie(ancienne Numidie)ou le Maghreb central pour certains est aussi riche et aussi dense .Comment vivez vous cette identité et comment la rattachez-vous au présent dans vos écrits et dans vos recherches.

b)Il ne s’agit pas de faire ici la promotion d’une religion qui n’est pas la notre mais dans le passé,saint Donna ou Saint Augustin,canonisée depuis (d’authentiques algériens),ne remplissent pas les pages de nos manuels d’histoire comme Okba Ibnou Nafe3 le conquérant venu de l’étranger .Comment pensez vous qu’on pourrait également décrisper et décomplexer l’écriture de notre histoire ,de toute notre histoire

Réponse le 17 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

- Notre Constitution est claire : Islamité, arabité, amazighité sont les trois composantes de notre identité. Nous sommes arabo-berbères, et aussi méditerranéens et africains. Il y a un lien entre notre origine antique et l’évolution de l’histoire. Certes nous avons parfois subit des dénis culturelles comme durant la colonisation, ou à cause d’excès idéologiques de courants sectaires. Mais le peuple n’est pas dupe, il sait qu’il est algérien avant tout et sait que sa dimension amazigh est une richesse profonde, plurielle et commune. Certains, par ignorance ou manipulation, ne mettent l’accent que sur un seul aspect de notre identité, ou pire les oppose, alors que c’est une symbiose magnifique qui fait le génie de l’Algérie. Une mémoire apaisée et instruite est toujours source d’enrichissement et de progrès. Unité et pluralité se conjuguent tous les jours.

- Après 132 ans de colonisation, violence inouïe que la chrétienté a accompagné, il était peut être difficile après l’indépendance de mettre l’accent sur cette partie de l’histoire algérienne ancienne. Le regard condescendant porté sur « l’islam » par des chrétiens d’abord, puis par la pensée occidentale moderniste, a abouti à ce que l’islam soit injustement interprété comme la religion rétrograde. C’est un passif dont on doit tenir compte. Mais on doit se souvenir aussi que des chrétiens ont soutenu l’indépendance de l’Algérie. On doit se réapproprier notre héritage, tous les héritages. Aujourd’hui, malgré des difficultés internationales et des séquelles, des tabous sont tombés et il est naturel d’enseigner et de parler de la période antique, avec ses ombres et ses lumières. L’Algérie musulmane n’est pas une terre antichrétienne. Reste à ne pas comparer des niveaux différents. L’impact sur notre devenir et l’immense conséquence de la venue de l’islam au Maghreb, restent sans équivalent, ce qui n’exclut pas de revisiter des pans multiples de notre riche histoire ancestrale. L’écriture de l’histoire est une question majeure qui concerne toutes les générations.


10 octobre 2010, 12:53 , par ali :

que gardez vous de votre passage au caire et que pensez vous de ce qui c est passer apres le match de foot

Réponse le 17 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Servir son pays et l’expérience diplomatique, notamment dans une grande capitale, sont un honneur, une tâche passionnante et enrichissante. L’action diplomatique que j’ai mené, surtout durant une période tragique, très difficile, à l’époque, a permis de contribuer à faire reculer la désinformation et desserrer l’étau infâme subit par notre pays, alors qu’il combattait pour la paix régionale et internationale, pas seulement pour sa propre stabilité. Tout en sachant que dans les relations internationales l’intérêt prime, des liens historiques lient nos deux pays que j’ai renforcés. J’en garde de profondes leçons. Cependant le psychodrame inadmissible concernant des simples éliminatoires pour la coupe du monde de foot entre nos deux E.N montre le niveau de décadence et démontrent que des cercles égyptiens (car il ne faut pas généraliser) ont déliré, perdu la raison et porté préjudice aux relations entre les deux peuples frères. No comment.


11 octobre 2010, 07:28 , par i :

Qu’elle est la relation entre l’islam et le sous-développement . Pourquoi avec les mêmes ingrédients qui ont fait d’un peuple de bédouins autrefois à la traîne des nations un meneur de civilisation à l’image de l ’Andalousie , on n’arrive pas maintenant à s’associer à la dynamique mondiale et surtout quand on voit toutes les nations de tous bord et de toutes religions redresser le cap de leur marche vers le développement. N’y a t-il pas quelque chose dont nous croyons et qui fausser notre manière de voir les choses indépendamment de notre degré de foi religieuse ! ?

Réponse le 17 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Vous dites vous même que l’islam a permis durant des siècles de faire naitre l’une des plus belles civilisations de l’humanité. L’homme de foi musulmane est capable de progrès et peut exprimer tous les besoins humains et spirituels de son déploiement existentiel. Cela signifie nettement que le problème n’est pas l’islam, mais des musulmans et leur comportement selon le contexte politique et historique. Nul n’est immunisé pour toujours. Les causes multiples du retard actuel et des contradictions concernent la politique, l’économique et le rapport à la science. Les despotismes non éclairés, les démagogies et les populismes aggravés par la domination du monde développé techniquement, hier sous forme de colonisation, aujourd’hui en termes d’hégémonie, rendent complexes et difficiles les voies du développement et de la préservation de la souveraineté. C’est un travail de longue haleine, de reforme profonde sur tous les plans, mais il faut s’y atteler.


12 octobre 2010, 08:14 , par Anonyme :

Vous dites que les penseurs musulmans ont déserté la pensée intellectuelle, ce qui est l’exact vérité pour laisser place qu’on l’admette ou non, à tous ces prêcheurs qui inondent les médias les plus modernes avec des messages tous plus rétrogrades les uns que les autres sur la femme (sa tenue vestimentaire et son statut social au moment où des millions de femmes musulmanes sont sur le terrain professionnel avec des grades de qualification très élevés) sur une morale sclérosée, puritaine à l’excés sans aucune connaissance réellement scientifique et sociologique des comportements humains.

Ne pensez-vous pas qu’il serait temps, si on ne veut pas aller dans le mur qui n’est pas loin, que le monde musulman en général et l’Algérie en particulier procède à une analyse objective et rigoureuse de la pensée religieuse en rapport avec le monde d’aujourd’hui, qu’il y ait enfin un mouvement de pensée qui remette les pendules à l’heure pour amender, adapter et au besoin transformer les lois et les règles pour les mettre en accord avec le siècle dans lequel nous vivons parce que le besoin s’en fait de plus en plus ressentir et que les appels et les attentes sont nombreux ?

Réponse le 17 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

- Ceux qui s’attachent uniquement à la gestuelle et réduisent la foi à des aspects rigides se trompent et trompent le monde. Ce que vous décrivez c’est en effet l’intégrisme : Une dérive, un contre –exemple de l’islam, un archaïsme social. L’ignorance est la principale cause de ces dérives, mais il y a aussi les problèmes politiques, sociaux et économiques. Les signes extérieurs ne sont pas la loi religieuse, bricolages subjectifs de la culture populiste. Des bricolages exégétiques simplistes renforcent le processus de repliement. Pseudo religiosité asservie à l’air du temps, fonction dévoyée comme mode d’intégration de la société. Un refuge, un repaire contestataire et un tremplin pour des ambitieux. Mais il y a aussi des croyants sincères qui recherchent l’approfondissement de leur foi et l’expérience intime du Divin, ce qui est fort respectable. La démocratisation, la responsabilisation des citoyens et le vrai islam celui de l’humanisme et de la civilisation peuvent barrer la route à l’obscurantisme. D’où l’importance de mettre l’accent sur la réforme de l’Ecole, des médias et de la vie citoyenne. Il ne faut ni fermeture, ni perte de repères, mais un lien entre authenticité et modernité. Car nous assistons à plusieurs sortes d’extrémismes. N’importe qui ne peut pas s’improviser en Savant théologien. Il faut donner de l’importance à cette formation afin de sortir du rigorisme.

- Les problèmes de nos sociétés sont surtout politiques et économiques. La religion dans la tête de la majorité des gens reste une foi simple et naturelle, comme l’air que l’on respire. Certes, des formes d’intégrismes sont visibles, importées du proche Orient et d’ailleurs, car ce qui manque c’est la connaissance d’un islam spirituel, éclairé et ouvert. Il faut ni marginaliser la religion, ni la réduire à une idéologie. Le mouvement se prouve en marchant, on peut respecter les prescriptions cultuelles et vivre son temps. Ce qui compte c’est responsabiliser le citoyen, l’instruire afin qu’il ne se laisse pas manipuler, par les uns et les autres. Les ignorances sont transmisses dans les sociétés par les systèmes éducatifs, des médias et des discours dogmatiques. La société a besoin d’apaisement, de considération, d’éducation et de futur. Elle souffre. Le problème majeur concerne la relation entre l’Etat et la société. Il faut que chacun s’implique et œuvre dans l’intérêt général, il y a trop d’égoïsmes et de laisser aller. Un mouvement de pensée qui change les données est en effet en attente de devenir. Cependant, un courant de pensée reste marginal tant qu’il n’est pas en phase avec le peuple et comme trait d’union avec l’Etat, et tant qu’il n’a pas franchi le seuil de l’assise socioculturelle nécessaire pour sa diffusion et sa transmission adéquate.


23 octobre 2010, 13:35 , par houssem :

bonjour pr……….Je voudrais exprimer toute mon estime , mon respect et mon soutien indefectible À l’homme et au Philosophe.Bon courage

Réponse le 27 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Je vous remercie, ce type de témoignage nous encourage à persevérer


24 octobre 2010, 11:52 , par Hadj Ahmed :

Cher frère Mustapha-
je t’ai connu à Toulouse où tu faisais tes études, vers les années 74 à 76, on se rencontrait au café Saint Sernin . A l’époque où tout le monde consommait de l’alcool et personne ne priait . Tu étais le seul ou l’un des très rares à être sobre et à parler d’islam et de philosophie . En ce qui me concerne je militais, sans adhésion à un parti politique, pour la justice sociale, l’anti racisme et la promotion de nos sociétés maghrébines vers le Progrès . J’étais surtout traumatisé par la souffrance des Palestiniens .
Ce n’est que bien plus tard, 14 ans plus tard, que j’ai pris conscience que toutes les valeurs que nous défendions s’nscrivent dans le cadre et la lumière de l’Islam et de sa notion du DIEU UNIQUE (Tawhid).
Je veux te dire que tu étais en avance sur ton temps et que tu l’es toujours et à ce titre je te rends un vibrant hommage -
A chaque fois que je t’entends à la radio ou que je lis tes articles j’en sors enrichi par ta sagesse -
Ma question est : PENSES TU QUE LES MUSULMANS DEVIENDRONT UN JOUR MUSULMANS sachant que s’ils le deviennent tout le monde y gagnerait, l’orient et l’occident .
Je prie Allah le grand, le grandiose, de ne pas interrompre sa lumière sur toi et IBADALLAHI ASSALIHINE.
Je t’assure de mon affection PRIERE ET PAIX SUR NOTRE MAÎTRE MOHAMMED OUA ALIH – PAIX SUR TOI ET TOUS LES CROYANTS -

Réponse le 27 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Je suis vraiment très ému te lire un tel témoignage poignant. Je te remercie vivement pour ces mots si vibrants, qui me rappellent tant de souvenirs et le chemin parcouru. Il est clair mon cher frère Hadj Ahmed (et j’essaye avec difficulté de mettre un visage sur ton prénom…je demande donc à l’administrateur du site de te transmettre mon mail personnel). En effet, avec humilité et persévérance, depuis plus de trente ans je ne cesse de tenter de faire connaître le vrai visage de l’islam, de dialoguer et d’œuvrer pour l’interconnaissance. Je suis vraiment heureux de te savoir éclairé par la lumière de la foi, comme tu sais, le Coran précise : Dieu guide à sa lumière qui Il veut ! Tu a bien raison de dire que si tous les musulmans deviennent de vrais musulmans, le monde entier en bénéficiera. Nous sommes témoins et devons sagement et raisonnablement assumer nos responsabilités pour le bien commun. Je t’adresse aussi ma duaa fraternelle, ainsi qu’a tous ceux qui recherchent sincèrement le Vrai, dignement et en respectant autrui.


24 octobre 2010, 14:29 , par Mohamed :

Bonjour ,

Vous affirmez Mr. le professeur que le problème des musulmans est d’ordre économique et politique, et que la religion n’a rien à voir avec l’état du sous-développement généralisé et multidimensionnel que vit le monde musulman. Vous en convenez, Mr. le professeur, que l’islam, en plus d’être un ensemble de croyances et de pratiques cultuelles, est un ensemble juridique avec des lois et des commandements qui touchent à tous les aspects de la société musulmane (politiques, économiques, sociaux, familiaux, etc.. ) et mêmes les aspects les plus intimes de la vie privée du musulman. Ce lourd héritage de 14 siècles pèse de tout son poids sur les sociétés musulmanes d’aujourd’hui, et n’importe quel citoyen d’Algérie ou d’un autre pays musulman, ne peut mener une réflexion libre sur n’importe quel sujet sans risquer de tomber en contradiction avec un verset, un hadith ou le consensus des Oulémas.

Ma question est la suivante : comment peut-on réconcilier l’islam, qu’on peut traduire littéralement par Soumission, soumission à la parole de Dieu et celle de son prophète, et la réflexion libre et rationnelle, quels que soient les issus où mène cette réflexion, ce qui est la base du progrès humain à travers l’histoire ? Et comment fait-on quand les préceptes de la religion sont en décalage, voire en contradiction, avec le bon sens , la science et la rationalité ? Que devrait être notre choix dans ce cas ?

Merci.

Réponse le 27 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Je comprends votre souci, cependant, vous partez de prémisses, de présupposés qui ne conviennent pas pour notre religion. En islam, il n’y a aucune raison de choisir entre foi et raison. Communauté du juste milieu, il faut tenir aux deux dimensions, sans les confondre. La révélation en islam s’adresse à la raison pour l’éclairer et non pour la contredire. Aucun précepte coranique ne s’oppose à la raison, au bon sens et à la science. Des interprétations humaines limitées incultes et contradictoires peuvent aboutir à des résultats et comportements illogiques, c’est notre responsabilité de les corriger. Islam ne signifie pas soumision c’est une mauvaise traduction classique. Islam veut dire « se mettre en état de paix », islam est de la meme racine que le mot paix. Croire c’est s’installer dans lma paix intérieure, refuser de nier le vrai, Dieu, refuser l’aveuglement et les prétentions, mais avoir confiance et assumer ses responsabilités. C’est une libération et non une soumission. La foi est sensé éclairer la raison, cela ne signifie pas l’aveugler de sa lumière, mais la réactiver pour lui permettre de discerner et d’assumer sa mission, à savoir l’exercice du raisonnement sans prétention démesurée ni repli. Il ne s’agit pas de combler une insuffisance de la raison, mais de la responsabiliser et d’élargir son champ de vision. En islam, foi et raison sont deux dons qui ne se contredisent pas. Certes, la foi peut être au-dessus de la raison, mais jamais en opposition. La foi et la raison sont intrinsèquement liées, s’interroger sur la vie et le besoin de progrès au moyen de la raison est un acte naturel en islam. Le dépassement est le travail requis par l’islam pour remettre sans cesse, en question, à la fois, les prétentions et les aveuglements de la foi idolâtre et celle de la raison qui se croit suffisante. En général, la pensée occidentale moderne considère que les dogmes et principes chrétiens s’opposent à la raison, c’est leur problème pas le notre. De plus l’Occident considère que ses normes au sujet de l’individu et de la société, sont les seuls valables, alors qu’ils posent problème pour d’autres cultures. Nous avons le droit de dire : science sans conscience, sans morale, sans éthique n’est que la ruine de l’âme. Nous sommes donc confrontés à deux formes d’extrémismes : la tendance qui oppose religion et raison, et la tendance qui instrumentalise l’une ou l’autre pour des buts étroits. La question du sous développement et de l’état de décadence dans lequel on se trouve dans nombre de pays musulmans, j’ai dit est surtout dut à des problèmes politiques : de bonne gouvernance, d’éducation, de travail. Cela n’exclut pas que des pesanteurs sociologiques de la tradition fermée et superficielle soient aussi une cause. La mauvaise compréhension de la religion est une des causes parmi d’autres de nos retards. Ce n’est pas à cause de la religion en soi, puisque c’est grâce à l’islam que les arabes, les berbères et nombre de peuples, turcs , persans ect …ont connus la civilisation universelle et le progrès scientifique durant des siècles. Tout dépend en conséquence des conditions socio-historiques et de la place que l’on réserve au savoir.


25 octobre 2010, 13:15 , par espoir de vivre :

bonjour monsieur,
l’aid eladha approche et comme chaque année les musulmans de france sont confrontés à la même
problématique :
comment doit t-on faire pour efectuer le sacrifice dans les régles ?
A qui doit t-on la sadaka quand toute la famille n’est pas dans le besoin ?

Réponse le 27 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Aujourd’hui les autorités françaises dans nombre de départements font un effort pour organiser l’abatage rituel dans des abattoirs provisoires pour la circonstance, il faut agir dans ce cadre. La sadaka concerne au moins huit catégories de personnes prioritaires pour recevoir la sadaka citées par le Coran : comme les pauvres, les nécessiteux ; les voyageurs sans ressource, les personnes endettées, etc …la famille n’est donc pas la destinataire première de la sadaka, il faut faire don à toutes personnes ou groupes dans le besoin, quelques soient leurs cultures et religions. Dans des circonstances spéciales chacun doit agir selon sa conscience.


25 octobre 2010, 23:01 , par Anonyme :

Dates de début et fin du Ramadhan.

De nos jours,la science et la technologie ont évolué au point que l’en peut en disposer à profusion de ces applications et de ces moyens pour calculer et mesurer le temps.Comment comprendre que les musulmans qui ont été au sommet de la science astronomique n’arrivent point à s’entendre sur les dates du début et de la fin du mois de ramadhan ?

Adhan.

Débité tel,vous conviendrez Monsieur le professeur que le Adhan est une véritable cacophonie et une pollution sonore qui ne dit pas son nom que diffusent les sonos de centaines de mosquées voir de milliers à la fois pour certaine grandes métropoles musulmanes .On confond ici la sacralité et la nuisance sonore qui porte atteinte aux travailleurs,aux malades ,aux bébés et aux jeunes enfants,notamment le adhan matinal.

Quel est votre avis sur ce rituel et quel serait également votre opinion sur l’instantanéité de cet appel de la prière tel que c’est expérimenté par un certain pays et qui est institué maintenant car il a donné de bons résultats

Réponse le 27 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

- N’oubliez pas que les musulmans utilisent déjà aujourd’hui le calcul du temps pour les horaires exacts de prières à la minute prés. Pour ce qui est des mois lunaires, le premier croissant, hilal, de la lune, astre lumineux le plus proche de la Terre, est le repère qui rythme la vie des musulmans sur terre. La nuit du doute (la 29ème nuit de chaque mois) est une occasion pour observer le ciel et contempler sa beauté, surtout en plein été et dans les pays du Sud. Le Coran institue par exemple le sawm sur la base de la vision : « Quiconque d’entre vous qui verra le mois qu’il jeûne pendant ce mois. » Le Prophète (Qsssl) dans un hadith authentique précise : « Jeûnez quand vous le voyez et cessez le jeûne quand vous le voyez. » Il faut dépasser la polémique au sujet du calcul et de la vision. La science est objective, ont peut s’appuyer sur ses calculs. Il n’y a rien qui s’oppose à la foi. Les nouvelles générations ont raison d’exiger d’avoir un calendrier qui permette de prédire les mois lunaires avec certitude de façon globale. Aujourd’hui, des scientifiques musulmans répondent par l’affirmatif. Il y a des raisons pratiques avancées, car l’incertitude sur le début du mois peut causer des problèmes pour les entreprises, pour les administrations et les citoyens. La capacité de planifier ses activités à l’avance est indispensable. Un calendrier « instable », ne permet pas d’être utilisé par les sociétés musulmanes comme un instrument de civilisation moderne, en face du calendrier grégorien devenu planétaire.
De plus, certains aspirent à symboliser l’unité de l’Umma sur la base d’un calendrier commun et fixe, afin de célébrer les temps forts de l’Islam en même temps. Cependant, il ne faut pas confondre uniformisation et cohérence. Il ne suffit pas que le croissant soit visible et de surcroit connu à l’avance en un point de la Terre pour que le début du mois soit décidé dans tous les pays. Le décalage horaire et la position propre à chaque région ne peuvent être occultés. C’est le rapport au lieu de vie de chaque peuple, le lien étroit, à dimension humaine, à la lune et au mouvement des astres qui sont aussi déterminants. La révélation décrit les phénomènes naturels et cosmiques qui doivent faciliter le rapport à la nature et la connaissance de la marche du temps : « Ils t’interrogent sur les premières lunaisons – dis : ce sont des jalons du temps, à l’usage des hommes, et pour le pèlerinage. » (2:189) Et « C’est Lui qui a fait du soleil un flamboiement, de la lune une lumière, qu’Il en mesure en stations pour vous faire connaître le nombre des ans et le calcul… » (10:5). La vision du croissant, ru’yat-al-hilal, n’est pas seulement le moyen de compter le temps. Elle renvoie à un symbole mathal, celui du coeur du croyant qui cherche à s’illuminer de la lumière Divine, et se prépare à revivre la « descente » du Saint Coran, comme s’il était révélé à lui-même. Selon les calculs d’astrophysiciens, à qui il faut faire confiance, le croissant de lune peut être connu par le calcul à l’avance, il faut s’appuyer sur cette science. Le constat de la vision permettra de confirmer que le mois de Chaâbane par exemple fera ou pas 30 jours. Comme le souligne avec raison l’astrophysicien algérien Nidhal Guessoum : « …La solution « Kepler » consiste tout simplement à prendre conscience que l’astronomie d’aujourd’hui est non seulement capable de déterminer la position de la lune à chaque seconde, mais aussi la probabilité de son observation par l’oeil humain dans une région donnée du globe, et cela bien à l’avance. »
Il y a un charme, une dimension du mystère, à allier foi et science, que nul calcul en temps réel ne peut remplacer. La vision confirmative peut se faire à l’œil nu ou par le biais des observatoires. Si elle est confirmée, d’une manière légale, conformément aux recommandations du Prophète, les citoyens doivent suivre les autorités religieuses du pays où ils résident. Les cultures ne sont pas homogènes, il faut accepter la diversité et pratiquer la tolérance. L’homme doué de raison peut allier calcul scientifique à l’avance et confirmation de la vision à l’œil nu. L’un n’empêche pas l’autre.

- Appelez à la prière en pays musulman est un rituel fondamental. Certes, il faut que la qualité et le niveau du son soient convenables et si possible la voix du muezzin agréable, afin de ne pas heurter. Tout à fait d’accord : l’instantanéité technique de l’appel à la prière par région tel qu’expérimenté dans d’autres pays islamiques est une possible solution d’avenir.


28 octobre 2010, 15:51 , par Anonyme :

L’Islam religion révélée ,évolue au temps et à l’espace.Aujourd’hui ,par le manque d’interprétations aux rapports et aux évolutions du monde,notre religion semble figée.Comment concevez vous l’existence , la création ou l’organisation d’un « concile » mondial musulman pour permettre de donner le ton à ces interprétations où la religion ,fruit d’une évolution permanente devrait-on dire s’adapter pour qu’elle ne soit pas décriée comme étant un frein aux progrès social et civilisationnel.

Nos adversaires ou nos rivaux,ramènent notre pratique presque aux seuls effets vestimentaires et autres symboles qu’ils combattent parfois avec des textes et des lois prônant les d’interdictions ;minarets,voiles ,bourka,sacrifices de moutons etc .ceci constitue en fait un défi aux règles.Il est vrai que c’est de voire une femme déambuler dans une espèce de prison mobile ,pour ne parler que de la bourka.Quels en sont les préceptes de la religion quand à adapter un port vestimentaire qui ne heurte pas et qui va avec son temps.Le ridicule montre une nageuse musulmane en compétition officielle avec un khimar et une grande gandora.

En Europe »Hallal » est devenu un grand business ,comment concevez vous son organisation pour assurez les musulmans de manger vraiment « Hallal » étant donné l’absence de directives de contrôle à posteriori.En ce cas ,quelle serait l’autorité qui délivrerait ces agréments sachant que les mosquées où les imams y officiant ne disposent pas de laboratoires d’analyse et de contrôle de la qualité et de la nature « Hallal ».

Réponse le 31 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Tout en critiquant les aspects extérieurs des pratiques religieuses, et vous avez raison, vous vous attardez sur elles et là c’est un piège à éviter. L’intégrisme s’attache aux apparences, au rigorisme et refuse de s’ouvrir, c’est un contre-exemple de l’islam. L’attachement à la gestuelle et à des aspects qui frisent le ridicule portent atteinte à l’image de l’islam. D’autant qu’il n’y a pas de signes extérieurs de la religion musulmane. Le meilleur vêtement est la piété, taqwa, dit le Coran. Occupons nous de l’essentiel : la force intérieure du cœur et le bel agir, al ihasan.
La création d’un concile mondial islamique est impossible, à tout le moins irréalisable, même s’il est utile de coordonner l’avis des savants sur des questions d’interprétations. Il vaut mieux garder notre liberté individuelle pour interpréter selon notre conscience et préserver la diversité d’opinions. Le mouvement se prouve en marchant, la majorité des citoyens musulmans, à travers tous les continents, vit sa foi et l’époque actuelle sans contradiction. Seule une minorité par ignorance, désespoir ou manipulation s’enferme et dévie dans l’obscurantisme. Le temps joue contre les rétrogrades qui figent et trahissent la religion. Mais sans instruction, la responsabilisation des citoyens et l’sprit critique, cette minorité peut se développer et nuire. Il faut être vigilant. Pour cela reste à éduquer les jeunes à l’école au sens ouvert et évolué pour une bonne compréhension des valeurs religieuses. C’est une responsabilité collective. Evitons les extrêmes : ceux qui ont une vision fermée et archaïque de la religion, et ceux qui considèrent que la religion est aliénation. Discerner, dire et agir par la bonne parole et donnez l’exemple sont la voie du possible renouveau.
Au sujet de votre question sur le hallal, c’est-à-dire le licite, sachez que c’est une revendication légitime. Il est normal de vouloir vivre en conformité aux normes coraniques au sujet de la nourriture et d’autres aspects cultuels. Mais hélas, comme vous dites, il y a trop d’ignorances, d’interventions et d’instrumentalisations à des fins étroites. C’est à ce niveau que doit se mettre en place des instances légales et scientifiques pour contrôler et normaliser. Travail de longue haleine, mais il a commencé.


30 octobre 2010, 00:18 , par yolanda :

Monsieur le professeur , permettez_ moi de vous adresser mes plus grands hommages accompagnes de mes respects avant de vous poser ma question et vous remercie d avance pour la reponse que vous lui reserverez : voilà , je me suis toujours demandée pourquoi qu au niveau des mosquees les preches sont donnés trés souvent sur un ton agressif les imams dont je parle ne mettent pas la douceur voulue sur les paroles écrites par le tout puissant ( qui sont tres profondes et tres belles …) car aprés tout , dans les moments de preches , ils sont sensés apporter un réconfort spirituel une certaine paix dans l esprit des fidèles qui les écoutent et qu ils ne soient pas génés ou exacerbés par leurs cris , d autant plus que leurs micros ne toujours pas réglés convenablement ceci d une part et d autre part ,je vois que dans les mosquées les imams n abordent pas les sujets de l heure les problemes d actualité ceux qui sont vécus de nos jours qui gangrennent la société ; il est vrai qu à l epoque du prophète c etait les sujets du jour qui se discutaient et auxquels on trouvait la solution en s appuyant sur le coran ors de nos jours on passe sur les sujets tabous pour ne pas en parler ou alors on s attarde a dire ce qui s est fait ou passé à telle ou telle epoque de l islam je pense que presentement les problemes sont différents dans leur approche et dans leur mise à jour et de ce fait il y a urgence peut etre à revoir la teneur des interventions par les imams en appelant les choses par leur noms afin que les messages soient clairs compris et SURTOUT TRANSMIS ET EVIDEMMENT APPLIQUES TELS QUE LE PRESCRIT LE SACRE CORAN POUR DIMINUER SI CE N EST PAS ERADIQUER LES FLEAUX SOCIAUX ET REMETTRE LES GENS DANS BONNE VOIE IN CHALLAH WA ESALAMOU ALAIKOUM .

Réponse le 31 octobre 2010, par >Pr Mustapha Cherif :

Je vous remercie. Vous avez tout à fait raison. En effet, un certain nombre de prêches dans les mosquées sont choquantes, données sur un ton agressif par les imams. C’est en totale contradiction avec le Coran et la sunna du Prohete qui demandent de parler avec sérénité et douceur, y compris à notre adversaire. C’est un problème de forme et de fond, lié au faible niveau pédagogique de ces imams qui crient et font peur. Il faut que les fideles osent protester, poliment et pacifiquement, afin d’attirer l’attention de ces prêcheurs agressifs pour qu’ils changent leur méthode négative. Quant aux problèmes d’actualités, ceux qui sont vécus de nos jours et qui, comme vous dites, gangrènent la société, les imams en parlent parfois, en termes morales : la corruption, la violence sociale, l’incivisme, l’égoïsme, la cupidité…etc. Sans doute pas assez dénoncés, mais cela doit se faire dans les limites spirituelles et culturelles car la mosquée ne doit pas être un espace politique. La mosquée, comme l’école et le média peut contribuer à prévenir, corriger les maux sociaux et éduquer. La teneur des interventions par les imams est laissée à leur appréciation, leur tutelle leur propose seulement des sujets. Cela respecte leur liberté, mais ouvre la voie à des discours parfois rigoristes, perverties et faibles. Il faut donner des repères, trouver le juste milieu et s’assurer que les lectures liées à des approches importées, fermées, idéologiques et déraisonnables ne soient pas de mise, afin de respecter l’islam de toujours, savant, sage et civilisée, sur la base de l’école exégétique de l’Algérie celle de l’imam Malek et des exigences de notre temps. Incha-Allah.


31 octobre 2010, 16:36 , par Mustapha Cherif :

En ce 31 Octobre , mois où j’ai eu la joie de répondre aux questions des internautes je dis à tous heureuse fête de la commémoration historique du 1er Novembre ! Tout intellectuel algérien, quelque soit sa lecture, ne peut que se ressourcer au Message fondateur du 1er Novembre 1954. La Révolution est une venue au monde d’une nation, l’Algérie ne fait pas exception. Rien ne serait plus indigne, en termes de fidélité, que d’ignorer les acquis et les échecs qui ont eu lieu pour affronter la marche du temps. D’autant que toutes les promesses de l’indépendance ne se sont pas réalisées. Chaque génération doit assumer ses responsabilités. L’intellectuel doit sans cesse éveiller les consciences, aider à l’unité, au rassemblement et à la formation d’une Nation apaisée, traversée par le souffle de l’être commun.Il faut la force de la passion du pays, il n’y a rien de plus beau. A bientôt et merci à toute l’équipe de Setif.info !!!

Mustapha Cherif

Lu dans AllAfrica.com : Mustapha Cherif

Lu dans : AllAfrica.com

Mustapha Chérif

Xavier Messè

15 Septembre 2010


Antoine Sfeir et Mustapha Chérif sont différents et complémentaires. Chacun a 50 ans et plus. Ils ont choisi de vivre tous les deux de l’écriture. Chacun à son tour, quand l’inspiration le lui a permis, il a produit un ouvrage qui a fait le bonheur des libraires Antoine Sfeir est préoccupé par les sévices que les musulmans d’Orient infligent aux chrétiens qui partagent avec eux cet espace géographique. Un chiffre à propos fait peur : en 1987, il y avait 80 000 chrétiens à Jérusalem. Ils sont moins de 6000 aujourd’hui.

Mustapha Chérif lui, vivait dans l’ombre de ses écrits à succès, notamment « l’Islam : tolérant ou intolérant » (Ed. Odile Jacob, Paris, 2006). Subitement ce 12 septembre 2006, à Ratisbonne le pape Benoît XVI fait une sortie médiatique complètement ratée. Lancé dans un commentaire débordant, le successeur de St Pierre insinue que l’Islam est une religion qui ignore la raison et qui pratique la violence.

Les musulmans se sentent offensés. Mustapha Chérif, cet écrivain et philosophe algérien qui, deux mois plus tôt, avait envoyé son dernier livre au pape. Suite aux déclarations affligeantes du pape, l’intellectuel algérien ne rate pas l’occasion : premier musulman de l’histoire à être reçu en privé par le pape pour parler de l’islam,

Il rappelle alors poliment à Benoît XVI son ignorance totale des réalités de l’Islam. Il condamne la violence dans toutes ses formes, il dit au pape qu’il faisait l’amalgame entre «les vrais musulmans pacifistes» et les «intégristes violents».

On doit observer deux époques, deux comportements et deux confessions : l’époque ancienne et l’actuelle, l’intolérance et la tolérance, le christianisme et l’islam. Le discernement est ardu dans ce contexte. Si l’église catholique d’une certaine époque avait fait de l’Inquisition une lecture erronée de l’évangile, pourra-t-elle totalement se laver les mains de ceux pratiquaient cette exclusion ?

Karl Marx ne pourra-t-il pas reconnaître qu’une autre lecture de la « dictature du prolétariat » avait engendré le goulag ? Et lorsque Salman Rushdie, dans ses évasions romanesques, écrit les « versets sataniques » qui lui valurent la fatwa, doit-on reconnaître là, la tolérance ou non dans les habitudes religieuses de l’islam ?

Il y a des excès de part et d’autre. Ces excès provoquent « le choc du futur », prophétie de Alvin Taller à la fin des années 1960. Ils sous- tendent le « choc des civilisations » annoncé par tout le monde ; ils sont à l’origine du « choc des religions » qui opposent les fidèles de Jésus à ceux de Mahomet.

Mustapha Chérif a conseillé a Benoît XVI pour lui éviter l’amalgame : « Ne confondez pas les 15 dernières années (faites de violences interreligieuses – Ndr) avec les 15 siècles de notre histoire commune où nous avons vécu ensemble, malgré les épisodes sombres comme les Croisades et la Colonisation « 

Il existe des tableaux sur lesquels l’Occident ne brille pas par l’imagination, la créativité et la tolérance. La religion est de ces tableaux-là. En Irak où les Etat Unis ont exporté une guerre, dans les Balkans, au Moyen Orient, en Europe Occidentale, on se tue pour un foulard, ou pour une croix ; au Royaume uni, protestants et catholiques ne se supportent pas.

Le Cameroun, sur ce plan, peut exporter son eucuménisme. On célèbre Pâques, le Ramadan dans l’union. On va invariablement à la Mosquée et à l’Eglise ; on s’habille en veste ou en boubou sans complexe. C’est cela la leçon que le Cameroun donne au reste du monde.

Xavier Messè

15 Septembre 2010

 

plus personne pour protester

 

 

 

La Xénophobie en Europe contre les musulmans s’amplifie,

érigée en politique officielle.

Pour résister et non se taire, il faut se souvenir de ce poème :

Lorsqu’ils sont venus chercher les communistes

Je me suis tu, je n’étais pas communiste.

Lorsqu’ils sont venus chercher les syndicalistes

Je me suis tu, je n’étais pas syndicaliste.

Lorsqu’ils sont venus chercher les juifs

Je me suis tu, je n’étais pas juif.

Puis ils sont venus me chercher

Et il ne restait plus personne pour protester

Martin Neimoller