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Lu

Lu dans El Watan

le 13.12.12 |

Publication. Le Coran et notre temps de Mustapha Chérif

Immersion dans la pensée musulmane

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Nouvel essai de Mustapha Chérif, ancien ministre, professeur à l’Université d’Alger et spécialiste de la civilisation musulmane et du dialogue des cultures.

S’appuyant sur une démarche académique empruntant aux sciences sociales pluridisciplinaires les méthodes scientifiques les plus éprouvées, l’auteur invite le lecteur musulman et non-musulman à une immersion dans la pensée musulmane et à une lecture «ijtihadiste» du Coran, loin des dogmes et de la compréhension rigide et ritualiste des tenants de l’orthodoxie musulmane portée par le courant salafiste. Le propos est d’actualité et l’auteur n’a pas manqué d’ailleurs dans le préambule de planter le décor, affirmant que «l’image de l’Islam est méconnue et se trouve au cœur de problèmes et d’enjeux qui secouent le monde».

Surtout, précise-t-il, depuis la chute du mur de Berlin et les attentats du 11 septembre 2001. «Il est impérieux de travailler à une lecture et à une présentation du Coran qui répondent aux exigences des temps contemporains», souligne l’universitaire. Tout au long de son essai de 366 pages, paru aux éditions ANEP, Mustapha Chérif se fera le fervent défenseur de l’ijtihad (interprétation) quant à la lecture et l’exégèse du Coran. A la présentation linéaire et figée dans le temps et l’espace de certains penseurs musulmans autoproclamés gardiens de l’authenticité du message coranique, l’auteur oppose une lecture audacieuse du Livre Saint, fondée sur une analyste structuraliste qui ne fait pas dire autre chose au Coran que ce qui est véhiculé par la Parole révélée. Rien de plus, rien de moins.

Mustapha Chérif défend, dans cet essai, l’idée d’un Islam, religion d’ouverture et de tolérance qui concilie authenticité et progrès, foi et raison , temporel et spirituel comme il l’a fait du reste dans tous ses autres ouvrages et dans ses positions et déclarations publiques sur l’universalité du Livre Saint, autant que sur son intemporalité. «En tant que Message pour une grande partie, le Coran a une ligne directrice, des aspects clairs, permanents, valables en tout temps et lieu. En même temps, il véhicule parfois des informations que nous pouvons appréhender différemment d’un lecteur à l’autre, d’une époque à l’autre, selon le contexte et à la mesure de la compréhension de chacun», argumente l’auteur, qui renvoie dos à dos le «courant de la tradition fermée» et le «courant dit moderniste qui impute à l’Islam les dérives extrémistes commises en son nom».  «L’Islam se veut Orient et Occident, favorable au progrès, au vivre ensemble et à la diversité», relève l’universitaire.

Pour mieux comprendre la profondeur du Message coranique, Mustapha Chérif invite les lecteurs à découvrir le processus historique de la révélation du Message divin depuis la «descente» des premières sourates, en s’arrêtant sur les périodes charnières de la collecte et de l’authentification des versets par les différentes chevilles ouvrières que furent d’abord le prophète Mohamed (QSSSL), et ensuite les différents califes qui ont patiemment rassemblé, sauvegardé les matériaux sacrés sous forme d’écrits immortalisés sur des feuilles de palmiers, des omoplates de chameaux et sur des pierres plates, avant d’être envoyés à l’édition avec l’avènement de la Révolution industrielle et de l’imprimerie.

Dans son essai, l’auteur se livre à une analyse de certains versets et sourates qu’il considère comme fondatrices de la dimension infinie, inimitable, universelle du Coran. Tout comme il s’efforce de dépeindre le portait du bon musulman à la lumière de la pratique religieuse puisée de l’observation des cinq piliers de l’Islam, dont il dissèque avec un grand souci didactique le sens profond et le message authentique prôné par le Livre Saint.

O.B

Entretien au sujet des deux nouveaux ouvrages !

Mustapha Chérif : « Islam, musulman, croire,

signifient « se mettre en état de paix »

Un entretien avec Mustapha Cherif, philosophe, expert du dialogue des cultures et des religions, professeur à l’Université d’Alger et directeur scientifique du Master International en Civilisation musulmane à l’Université Ouverte de Catalogne. Auteur d’une dizaine d’ouvrages, il vient de faire paraître aux éditions Al Bouraq à Paris (et à l’ANEP à Alger)  « Le Coran et notre temps » et « Le Prophète et notre temps ».

Pourquoi ces livres aujourd’hui sur le Prophète et le Coran?

L’avenir du monde dépend en partie du dialogue interculturel et de la relation entre les deux rives de la Méditerranée. L’ignorance a pris trop de place. L’islam est méconnu et l’objet de controverses. La littérature qui existe à son sujet est souvent celle du dénigrement, de la désinformation, de l’islamophobie, d’orientalistes et néo-orientalistes aux visées malsaines, et celle d‘intellectuels dits de culture musulmane qui se renient et se flagellent ; ou bien au contraire celle de l’apologie et du sentimentalisme de musulmans qui ne savent pas transmettre le vrai message, notamment en direction des non-musulmans.

Le Prophète est un modèle par excellence de l’humain pleinement équilibré et ouvert que le monde dominant ne connait pas. Il est celui qui est venu donner du sens et apprendre à l’humanité à surmonter l’épreuve du vivre-ensemble, de manière juste, digne et responsable. Il a libéré l’humain, contre toutes les formes d’oppression, institué la sécularité, encouragé la bonne gouvernance, l’Etat de droit et la citoyenneté, cela n’est pas assez connu.

Mon essai sur le Prophète ne se contente pas de relater sa biographie. Il présente un  éclairage nouveau dans un langage accessible, moderne, en fonction des interrogations de notre temps.Quelles décisions le Prophète aurait pris aujourd’hui face à tant de défis? J’analyse des concepts et des événements clefs de son œuvre, afin de montrer que les questions  qui étaient centrales pour le Sceau des prophètes, celles du sens de la vie, de la justice et du comportement sage, rationnel et civilisé, sont d’actualité.

Aujourd’hui, parce que notre époque est en profonde crise et que des usurpateurs du nom de l’islam favorisent la confusion, il est nécessaire de se souvenir de l’Homme total et universel, le guide qui a permis la civilisation musulmane. Il écoutait, consultait et réfléchissait toujours avant de prendre une décision.En tirant les leçons de la vie et de l’œuvre du Prophète, nous apportons des réponses claires aux questions que des musulmans et des non-musulmans se posent.

S’humaniser, réfuter toutes les formes d’indignité, d’extrémismes, d’idolâtrie, de violence, défendre les droits humains, le droit à la différence et la stricte légitime défense en dernier recours, en forgeant une société fraternelle et du savoir faisaient partie des priorités du Prophète. C’est à des années lumière de ce que la propagande religiophobe et celle des fondamentalistes, tout à la fois, laissent entendre.

Quel est le public visé par  vos deux  ouvrages ?

Il s’agit de tenter de présenter le vrai visage de la civilisation musulmane, qui, contrairement à ce qui est colporté ou mal pratiqué,  se fonde sur la sécularité, l’égalité homme femme et le respect du pluralisme. Mes ouvrages, s’adressent à tout le monde, sans limites, à nous-mêmes pour  progresser et sortir des visions étroites et idéologiques, avancer sur la voie du développement harmonieux.  Ils  s’adressent aussi  à  l’Occident, pour sortir des amalgames et des impasses. Chacun doit sortir de ses points d’aveuglements. D’autant qu’il y a des occidents et des orients et que les deux mondes sont imbriqués, liés, mêlés. Malgré elle, notre religion est instrumentalisée, sujette  à des controverses, des stigmatisations et des préjugés inadmissibles.

L’intégrisme et le fondamentalisme sont l’anti-islam. La civilisation  musulmane est incomprise et injustement déformée par certains des siens et par des non-musulmans. En Occident, même si le  génie  du Prophète est parfois reconnu par des savants, et que tous ne confondent pas entre religion et fanatisme, sa grandeur et son œuvre sont méconnues par un grand nombre. Les xénophobes, les islamophobes,  pour faire diversion, prenant prétexte de l’usurpation du nom par une minorité d’inauthentiques musulmans, trompent les opinions publiques.

En ces temps de mondialisation agressive et inégalitaire, les délires anti-musulmans prennent des proportions démesurées, exacerbés par la méconnaissance et des visées inavouées; alors que l’enjeu de notre époque devrait être le vivre-ensemble, la primauté du droit et la recherche d’une nouvelle civilisation universelle commune, par-delà les différences et les divergences. Il nous faut pratiquer l’autocritique, communiquer, expliquer, preuves à l’appui, qu’il n’y a pas d’alternative raisonnable au dialogue et au partage, énoncer clairement nos valeurs, pas seulement dénoncer les mensonges proférés.

Il s’agit avant tout de cultiver, d’instruire, d’enseigner, d’éduquer afin de faire reculer l’ignorance sur des questions essentielles. Etre citoyen européen, ou du monde moderne,  et croyant est évidemment possible et visible. En ces temps de malaise et de crise dans la culture, la politique, l’économique, c’est une chance pour tous que la question de la civilisation, de la transcendance et de l’éthique se repose de nouveau.

Quelle est la relation entre la civilisation musulmane et le développement ou le sous-développement ?

La civilisation musulmane, bien comprise, l’une des plus belles de l’humanité, a favorisé durant des siècles le vivre-ensemble et le développement équilibré, pas seulement matériel, malgré des péripéties difficiles. Rester soi-même, tout en évoluant, et s’ouvrir au monde est le bon chemin. Le citoyen de confession musulmane est capable de progrès et peut exprimer tous les besoins humains de son déploiement existentiel, s’il base son existence sur le savoir et l’éthique spirituelle.

Produire des richesses, des idées et du bien, se développer,  est une exigence, tout en respectant une éthique, des finalités. Cela signifie que si aujourd’hui des pays musulmans sont en retard économiquement et scientifiquement, le problème n’est évidemment pas l’islam, mais la responsabilité de musulmans et leur comportement, selon le contexte social, politique et historique. Nul n’est immunisé pour toujours. Les causes multiples du retard actuel et des insuffisances sont d’ordre interne et externe, elles concernent les questions de la bonne gouvernance, de l’Etat de droit, de l’économique et du rapport à la science.

Malgré des progrès et acquis, et le monde musulman est hétérogène, les problèmes de la qualité du savoir, de l’éducation, de la recherche scientifique, de la culture, sont insuffisamment pris en charge; des despotismes non éclairés et les populismes qui instrumentalisent le sacré, aggravés par la domination inique du monde développé techniquement, hier sous forme de colonisation, aujourd’hui en termes d’hégémonie, d’ingérences et de libéralisme sauvage, rendent difficiles les voies du développement durable et alternatif.

Mais le mouvement d’émancipation et de développement se prouve en marchant, les citoyens de confession musulmane de partout et les sociétés de la rive Sud, dotés de valeurs éthiques et du sens de la dignité, résistent et aspirent au sens, à la justice, à plus de bien-être et à la coexistence. Je reste confiant, malgré la complexité de la tâche.

Vous défendez donc l’accord entre authenticité et progrès, entre raison et éthique, pourquoi et quelle est la relation entre eux ?

Ce qui compte c’est articuler, sans confusion ni opposition, les dimensions essentielles de l’existence.  Les atouts existent pour répondre aux nouveaux besoins et attentes des populations désorientées. Il faut s’y atteler, en s’ouvrant au monde dans la vigilance, en revivifiant nos repères et en s’impliquant. Il s’agit de réaliser l’articulation entre authenticité et progrès, entre le spécifique et le mondial, entre l’autonomie de l’individu et l’être commun. Ni communautarisme, ni individualisme déshumanisant. Dans ce sens, la culture doit assumer sa fonction de formation de la citoyenneté et du lien social.

Dans la civilisation, il n’y a aucune raison de choisir entre des dimensions complémentaires, l’authenticité et le progrès, entre éthique et raison, entre l’un et le multiple, elles sont indissociables et complémentaires. Communauté du juste milieu, il faut tenir aux deux dimensions, sans les confondre. L’éthique s’adresse à la raison pour l’éclairer et non pour la contredire. Aucun précepte coranique ne s’oppose à la raison, au bon sens et à la science. Des interprétations passéistes, limitées,  incultes et contradictoires peuvent aboutir à des résultats et comportements illogiques. C’est la responsabilité des élites de les corriger.

Croire en islam ne signifie pas « soumission » c’est une mauvaise traduction classique. Islam, musulman, croire, signifient « se mettre en état de paix », « faire confiance », dans la vigilance, pour nouer un lien profond avec le monde et l’au-delà du monde, se libérer et assumer ses responsabilités. Dans ce sens, s’attacher à une éthique c’est refuser l’inculture, le fanatisme, les pulsions de violence et les prétentions. Au contraire cela veut dire respecter le droit à la différence, la nature, autrui, les symboles communs, le bien commun, avoir des buts, des principes et assumer sereinement son destin propre. Ce sont des actes de sociabilité, d’humanisation, d’épanouissement.

Vous donnez une priorité majeure à l’éthique, pourquoi ?

Le Prophète mettait l’accent sur cette dimension. C’est ce qui manque le plus au monde actuel. La marchandisation de l’existence aggravée par l’athéisme dogmatique, ou sa fétichisation perpétrée par le fanatisme religieux, mènent à des impasses. Ethique spirituelle et raison sont deux dons en islam qui ne se contredisent pas. Rechercher le progrès au moyen de la raison est un acte naturel. Nous avons le droit de dire : science sans conscience, sans morale, sans éthique n’est que  ruine de l’âme.

Nous avons aussi le devoir de rechercher librement le progrès sous toutes ses formes, et en même temps sans éthique, cela devient inhumain. Nous sommes confrontés à deux formes d’extrémismes : la tendance qui a peur de la liberté et celle qui a peur du sacré, elles instrumentalisent l’une ou l’autre pour des buts étroits. Dans le monde musulman contemporain, la mauvaise compréhension de la religion est une des causes des retards en matière de développement, mais  ce n’est pas à cause de la religion en soi.

Puisque c’est grâce à elle que les arabes, les berbères et de nombreux de peuples autour de la Méditerranée et au-delà, turcs, persans, africains, asiatiques, européens et des juifs et des chrétiens etc…ont connu la civilisation universelle musulmane et le progrès scientifique durant des siècles qui s’appuyaient sur la liberté et l’éthique. Tout dépend en conséquence des conditions socio-historiques et de la place que l’on réserve au savoir, à l’éthique et à l’Etat de droit, trois priorités.

Dans tous les cas, il ne faut pas confondre le spirituel et le temporel, sans les opposer, tout en recherchant l’accord entre authenticité et modernité, ce qui signifie aussi entre liberté et éthique. Il n’y a pas de liberté sans loi, il n’y a pas de progrès sans liberté. Le Prophète est venu nous rappeler ces principes.

Quel message peut-on porter aux nouvelles générations ?

Sans élitisme, ni paternalisme, l’intellectuel doit sans cesse donner à penser, éveiller les consciences et cultiver les nouvelles générations, afin d’humaniser les rapports sociaux, contribuer à réaliser une société équilibrée, juste et solidaire, aider à l’unité, au rassemblement et à la formation d’une Nation apaisée, traversée par le souffle de l’être commun. Il faut la force de la passion du pays et de l’humanité, il n’y a rien de plus beau pour tout être humain digne de ce nom.

La force d’une société ce sont ses citoyens éduqués, cultivés, patriotes, et qui se respectent mutuellement dans leur diversité. Une citation du Prophète(hadîth) est à cet égard significative :«Je suis venu  parachever  l’éducation humaine». L’interconnaissance, se cultiver, pour apprendre à vivre ensemble, détermine l’avenir. Le XXI eme siècle et l’ordre mondial seront justes ou ne seront pas.

Entretien réalisé par  la rédaction site www.oumma.com

Le Coran et notre temps (aux éditions Al-Bouraq, Paris) (et Anep à Alger)

Le Prophète et notre temps (aux éditions Al-Bouraq, Paris) (et Anep à Alger)

Islam and Relation with Neighbor, conference at University of Yale, Connecticut, USA

Common Word Conference: Loving God and Neighbor in Word and Deed.

University of Yale, Connecticut, USA

Yale Center for Faith and Culture

28 July 2008

Islam and Relation with Neighbor

By Mustapha CHERIF

Love is Beautiful but it is amazing that we speak about love, forgetting the bitter reality filled with hatred. We speak of love, and at the same time are faced with threats and unprecedented dangers. We must face reality without running away from our responsibilities. The gap between our theory and our application is huge. We must look for the reasons. Dialogue and living together are necessary. There is no alternative. Muslims and other global citizens notice that ignorance and lack of clarity and distortion prevail, instead of getting to know each other. More than that, after the brutal acts committed during World War II, we notice a return of hatred. Some invent a new enemy, taking advantage of criminal acts of radicals and desperate men or groups that are closed upon themselves, who betray the text of the Generous Koran and the Prophetic Sunna. This group invents a new enemy, taking advantage of the contradictions of Islamic systems, as well as our legitimate grasping of our right to differ. They create a new enemy in order to distract people and make them forget the political and moral problems above all else. The Common Word initiative aims to protect us from a day when we would say: The opportunity is lost, and we are driven to collective suicide.

In order to clarify the picture to our Christian brothers, I need to show what the vision of Islam is on basic issues which face humanity. The Islam is the religion of monotheism before God and religion of justice before humanity. Regarding to the acknowledgement of the other, and regarding to the fact that the Prophet came after the Messiah, I will remind you that Jesus says according to your texts: “Watch out for false prophets. (…)By their fruit you will recognize them. (…)Likewise every good tree bears good fruit.” Islam is a blessed tree which has brought lots of fruit. This makes you think, nothing will prevent you from acknowledging that the Prophet of Islam as a Messenger of God. First, Islam considers life and existence a trial to man. Second, God gives us trials on three levels: on the levels of time, differences, and revelation. Third, Islam considers human life as built upon freedom and responsibility. Fourth, there is no prior guarantee of happiness and prosperity for anyone. Fifth, no religion or culture has a corner on all the truth.
Sixth, man must respond to these challenges based on openness and honoring life. Seventh and last, this response must be based on awareness and caution.

The issue of relationships with others is a basic relationship which touches coexistence or clashing, peace or war, oppression or freedom, founding civilization or descending into barbarism. At this level in particular, there are risks and choices. According to Islam, whenever we ignore the idea of God, the Absolute and Infinite, who is unlike any other, we risk our existence and are closed to others and to an important part of our human experience. Relationship with others means we must have a clear idea of who man is, since man does not achieve his complete self, except through dealing with others. But in the light of closed traditions, religion can be a source of fanaticism, closed-ness, and rejecting others. The truth is that religion may give unprecedented opportunities to respect the rights of others. We can say that after the right to life, which is the foundation of all human rights, comes the right to worship God. For Islam, the understanding of the relationship with others and respect of their human rights begins when he surrenders to the unknown. For man to worship God and communicate with him, he must not be persecuted or a persecutor of others. He must also respect basic rights of all and be able to balance the rights of the individual and the group, rights of God and man. We have a trial relating to our relationships with others. This is not just accepting others, but others are essential to our lives. Openness to others, welcoming him, honoring him and listening to him must all be the first position we take in our relationships with others. Objectivity requires taking a complementary attitude based on caution, so that a person is not a hostage of the other.

Living together, we face a struggle today: the individual is cut off from the center of the society, or isolated, and forgetting the concept of communal life violates human rights.

This matter is connected with acknowledging the other as a similar and different person at the same time, or respecting his privacy in order to share. It is not enough to claim to tolerate the other; we must know him and listen to him, respect his differences, in order to be able to bear the difficulties of existence together and keeping the essential social bonds. Islam wants to be a civilization of living together and caution. We will be lacking if we miss the mark if we do not move toward living together. The brotherhood of humanity is built on a common root and common source. Islam makes us responsible and reminds us of our responsibilities, so that a Muslim must be totally open. The Koranic verses: there is no compulsion in religion, argue in a better way, you are not their sovereign, all suggest openness. There are also other verses that tell us that caution is necessary. This is the concept of balance.Openness and resisting if necessary, are our program.

Companions of the Prophet and scholars after them, and most Muslims focus on the Koran and Sunna’s requiring that human rights outweigh divine rights. Religion cam to free man, make him responsible, civilized and human, not to oppress him. The last word in the Koran is People. This means that the purpose of the Islamic message is strengthening humanity, while honoring life and living together. Naturally, freedom naturally represents the basis of existence. But absolute freedoms are not true freedoms. It is not lost upon the Muslim that rights of the other are to respect his dignity and not to impose one point of view. Being a pious, virtuous and responsible person is at the core of the Islamic message, to create an individual open to shared existence, and cautious at the same time. A virtuous person despises no one.

In complement to openness, which is basic, Islam requires cautiousness and legitimate self-defense if attacked. God does not love aggressors. We must not confuse aggression and hatred. There is no concept of holy war in Islam, but rather just resistance within strict guidelines. Without good deeds and inner peace, which are the greater jihad, there is no external peace with another who is different.

In contrast to Islam’s view, modern thought does not see the other as keeping his identity as a different individual, but as a deficient individual who must be eliminated, because he is outside the required pattern. Thus objectors, resisters, and separatists who refuse control are banned. If the different other is seen as primitive or less than human, it seems that the so-called lights are not a characteristic of our age.

If the whole society is to move toward peace and truth, we cannot build individual and corporate life and ignore the necessity of resistance and being responsible. Some modern messages want people to be quiet and turn the other cheek to the aggressor. In Islam, conflict and the hardness of the world are tests that we must pass and control wisely. In the eyes of a sincere Muslim, the other has part of the truth. Legitimate resistance is better than insults.

The true Muslim must be shocked at the barbarism of the ignorant extremists, the barbarism of the overpowering and terrorism of the weak and the strong. Islam sees the need to organize violent responses and conditions of use of force through respecting human rights. Those movements that see Islam as intolerant and a religion of violence are the same that adopt a clash of propaganda, and speeches full of hatred of the foreigner and unjust wars. The Koran and the Messenger define legitimate self-defense as defending life, not sheep and wolf type relationships.

Finally, what lessons and points of view can we take for living together tomorrow? Nothing conquers us except what we don’t resist. So we must move and think, without claiming that we have all the keys of all truth. What our age requires is communication/talking together to limit the other’s ignorance, which is confusion and wrong thinking, and educating new generations about human rights, and the call to openness, and at the same time, a call to caution and justice. There is no peace without justice. The world has seen a return of feelings of hatred toward the other. Today we jointly face huge, complicated challenges: First, marginalizing religious values or using them for narrow purposes. Second, reducing freedom and the right to differ. Third, prevalence of market logic and the return of paganism in new forms. All this is controlled by the law of the jungle and illogical responses. Thus we need to help others and they us to meet challenges. This requires us to work toward openness more than at any other time. We are like deaf people dialoguing. So we must learn how to listen and understand one another. Our age more than any other needs to be rational among ourselves, since the West and the Islamic World are joined together. Why does humanity try to destroy itself? We must tell the world to be very careful and defend basic rights of the other and restore them, for God does not love those who say and do not do.

www.mustapha-cherif.net

Film sur le dialogue et la paix !

Mustapha Chérif dans le film documentaire «L’invocation»

Le penseur algérien, Mustapha Chérif, figure dans le grand film documentaire américain L’Invocation dans le cadre d’une interview qu’il a accordée sur le dialogue et la paix. Le film réalisé par Emmanuel Itier est raconté par Sharon Stone. L’Invocation vient d’être sélectionné et primé par The Los Angeles International Film Festival, dans la catégorie Best Concept-métrage documentaire. Dans ce film-documentaire, Mustapha Chérif intervient aux côtés de, entre autres, Sharon Stone, Desmond Tutu, le dalaï -lama et Oliver Stone.

HE INVOCATION ( trailer: http://www.lightning-ent.com/movie/view/97 ) won for « Best Documentary » and « Best Concept » at the Los Angeles Independent Film Festival !!


Just the beginning!

Jazz Smollett :
« Hello, Congratulations! Your film,  » The Invocation, » has been selected by The Los Angeles International Film Festival, as the First Place winner in the Feature Documentary Film category.
In addition, your film has been chosen by the judges as the best in the following category: Best Concept-Feature Documentary.
You may view the full list on the website at www.laifilmfest.com today after 2pm PST. We will keep you informed on the details of the upcoming screening.
This year, we received many quality submissions and competition was tough. We would like to congratulate you on creating an original and unique piece of work!
Warm Regards
The Los Angeles International Film Festival »