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Dialogue culturel Euro-Arabe

UNESCO, Paris 30 Janvier 2013

Dialogue culturel Euro-Arabe

Education et Jeunesse

Par Mustapha Cherif

Son excellence la DG de l’UNESCO, Madame Irina Bokova, excellence, Madame l’ambassadeur de l’UE auprès de l’UNESCO, Monsieur l’Ambassadeur chef du bureau de la LEA auprès de l’UNESCO, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, honorables invités, c’est un grand honneur de m’adresser à votre auguste assemblée. Nous sommes fiers d’être profondément attachés à l’Unesco qui aujourd’hui, sans l’ombre d’un doute, jouit d’une crédibilité exemplaire aux yeux de l’opinion publique internationale et en particulier arabe. Dans un monde en crise permanente, l’UNESCO œuvre pour la paix et le rapprochement entre les peuples avec détermination et notre rencontre en est l’illustration. La problématique posée par le présent colloque est au cœur des enjeux des relations internationales et de l’avenir du monde. Depuis longtemps le monde arabe exprime son souci du dialogue culturel euro-arabe.

Par le passé, autour de la Méditerranée, par delà des moments de heurts, la circulation des cultures a donné au monde une lumineuse civilisation, « judéo-islamo-chrétienne » et « gréco-arabe ». Le défi est de retrouver un ensemble commun, où le pluralisme et le droit à la différence sont respectés.

Cette possibilité est aujourd’hui contredite par le système mondial hégémonique uniformisant, les extrémismes de tous bords et la sous culture consumériste, qui ne favorisent pas l’acceptation d’autrui différent. La jeunesse est perturbée. D’où l’importance d’apprendre à dialoguer. Par l’éducation interculturelle au profit de la jeunesse, il sera possible de réinventer une nouvelle civilisation commune qui fait défaut.

Ce défi exige de nous tous de mettre l’accent sur des normes universelles communes et éduquer au respect du droit à la différence. Apprendre à la jeunesse d’articuler spécificité et mondialité, l’un et le multiple, est la tâche de l’heure. Les principes fondateurs de l’UNESCO et ses «Lignes directrices sur l’enseignement de l’éducation interculturelle» sont une source de références pour tous les éducateurs. Il est utile de rappeler que cinq recommandations font consensus, notamment en ce début de la « Décennie internationale du rapprochement des cultures » :


- Nourrir la culture du dialogue dés le jeune âge.

-Enseigner les bienfaits de la diversité culturelle.

-Créer des outils et espaces pour l’interconnaissance culturelle.

-Utiliser les NTC pour former la jeunesse.

- Favoriser les échanges et les rencontres interculturelles.

Il s’agit d’éduquer à la culture de la paix, à l’acceptation de la différence, de la multi-appartenance et de désaccords raisonnables, afin de favoriser la coexistence. L’interconnaissance est essentielle. Pour qu’une «communauté de culture » ait une existence réelle, les individus qui la composent doivent avoir la possibilité de partager leurs repères, qui donnent du sens à leur vie, chaque fois singulier et la dimension du vivre avec les autres.

Apprendre à vivre ensemble, passe par cette reconnaissance. Il est illusoire autrement de prétendre reconnaître la culture des autres comme telle. Pour ce faire, les programmes éducatifs devront intégrer cette approche du respect mutuel.

À cette condition, l’élargissement de notre sentiment d’appartenance à l’humanité toute entière l’emportera. Chaque jeune doit apprendre que nul ne doit imposer à tous les autres une norme dont il veut qu’elle soit une loi universelle. Nous avons à apprendre à soumettre notre norme à tous les autres, afin d’examiner par le dialogue notre prétention à l’universalité. La référence valable ne consiste pas dans ce qu’un seul monde souhaite unilatéralement, mais dans ce qu’ensemble nous pouvons reconnaître comme une norme universelle.

Avec l’introduction, aux programmes scolaires, de la matière intitulée « Interculturel », nous pourrons, européens et arabes, apprendre à notre jeunesse à pratiquer le dialogue, le débat, la confrontation pacifique des idées, car nul n’a le monopole de la vérité. Mettre en pratique une citoyenneté de l’altérité est une exigence de l’école du futur. Vivre ensemble, dans un paysage de diversités culturelles et de différences multiples, impose des règles et une pédagogie. Se faire comprendre et comprendre autrui n’est pas systématique. Cela nécessite un savoir, des méthodes et un état d’esprit, un nouveau paradigme.

Rien n’est donné d’avance, vivre ensemble en bonne intelligence nécessite un apprentissage. Nous savons que tout être porte en lui deux tendances : l’une est celle de l’égocentrisme; l’autre est le souci du partage. Notre monde en crise confronté à des problèmes multiples, favorise trop souvent la première tendance. Le travail des institutions et des Hommes dotées du savoir et des compétences, ont pour mission de mettre l’accent sur la deuxième dimension.

Permettez-moi de partager avec vous une conviction : conjuguer modernité et authenticité sera possible grâce au dialogue interculturel euro-arabe. D’autant que nul n’est monolithique. Nos cultures sont imbriquées, liées, entremêlées. Nous devons l’inculquer à la jeunesse. Certes, la culture européenne met l’accent sur l’individu et l’exercice de la raison sans condition ; la culture arabe, tout en revendiquant la rationalité, tient à la valeur de l’éthique et de l’être commun.

Les deux approches sont différentes, mais ne sont pas antinomiques. Elles sont complémentaires et ne peuvent que s’enrichir l’une de l’autre. Eduquer la jeunesse sur ces bases permettra de mettre fin aux préjugés et découvrir une vérité historique : nous sommes bien plus proches que ce que les imaginaires des uns et des autres veulent faire croire.

Les NTIC démontrent que les jeunes ne sont pas dupes. Ils savent dépasser les différences, sans les nier. Eduquer une jeunesse ouverte à l’altérité est le meilleur rempart contre toutes les formes de nivellement, d’exclusion et de conflits. Une jeunesse cultivée est le meilleur remède contre la violence. Aucune région du monde n’a le droit d’imposer aux autres sa conception de l’existence. Il n’y a pas d’alternative au dialogue pour apprendre à vivre ensemble. C’est une responsabilité collective.

Je vous remercie.

Mustapha Cherif, Professeur des Universités, spécialiste de la culture arabe et du dialogue des cultures, ancien ministre de l’Enseignement Supérieur (Algérie)

Lu

Lu dans El Watan

le 13.12.12 |

Publication. Le Coran et notre temps de Mustapha Chérif

Immersion dans la pensée musulmane

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Nouvel essai de Mustapha Chérif, ancien ministre, professeur à l’Université d’Alger et spécialiste de la civilisation musulmane et du dialogue des cultures.

S’appuyant sur une démarche académique empruntant aux sciences sociales pluridisciplinaires les méthodes scientifiques les plus éprouvées, l’auteur invite le lecteur musulman et non-musulman à une immersion dans la pensée musulmane et à une lecture «ijtihadiste» du Coran, loin des dogmes et de la compréhension rigide et ritualiste des tenants de l’orthodoxie musulmane portée par le courant salafiste. Le propos est d’actualité et l’auteur n’a pas manqué d’ailleurs dans le préambule de planter le décor, affirmant que «l’image de l’Islam est méconnue et se trouve au cœur de problèmes et d’enjeux qui secouent le monde».

Surtout, précise-t-il, depuis la chute du mur de Berlin et les attentats du 11 septembre 2001. «Il est impérieux de travailler à une lecture et à une présentation du Coran qui répondent aux exigences des temps contemporains», souligne l’universitaire. Tout au long de son essai de 366 pages, paru aux éditions ANEP, Mustapha Chérif se fera le fervent défenseur de l’ijtihad (interprétation) quant à la lecture et l’exégèse du Coran. A la présentation linéaire et figée dans le temps et l’espace de certains penseurs musulmans autoproclamés gardiens de l’authenticité du message coranique, l’auteur oppose une lecture audacieuse du Livre Saint, fondée sur une analyste structuraliste qui ne fait pas dire autre chose au Coran que ce qui est véhiculé par la Parole révélée. Rien de plus, rien de moins.

Mustapha Chérif défend, dans cet essai, l’idée d’un Islam, religion d’ouverture et de tolérance qui concilie authenticité et progrès, foi et raison , temporel et spirituel comme il l’a fait du reste dans tous ses autres ouvrages et dans ses positions et déclarations publiques sur l’universalité du Livre Saint, autant que sur son intemporalité. «En tant que Message pour une grande partie, le Coran a une ligne directrice, des aspects clairs, permanents, valables en tout temps et lieu. En même temps, il véhicule parfois des informations que nous pouvons appréhender différemment d’un lecteur à l’autre, d’une époque à l’autre, selon le contexte et à la mesure de la compréhension de chacun», argumente l’auteur, qui renvoie dos à dos le «courant de la tradition fermée» et le «courant dit moderniste qui impute à l’Islam les dérives extrémistes commises en son nom».  «L’Islam se veut Orient et Occident, favorable au progrès, au vivre ensemble et à la diversité», relève l’universitaire.

Pour mieux comprendre la profondeur du Message coranique, Mustapha Chérif invite les lecteurs à découvrir le processus historique de la révélation du Message divin depuis la «descente» des premières sourates, en s’arrêtant sur les périodes charnières de la collecte et de l’authentification des versets par les différentes chevilles ouvrières que furent d’abord le prophète Mohamed (QSSSL), et ensuite les différents califes qui ont patiemment rassemblé, sauvegardé les matériaux sacrés sous forme d’écrits immortalisés sur des feuilles de palmiers, des omoplates de chameaux et sur des pierres plates, avant d’être envoyés à l’édition avec l’avènement de la Révolution industrielle et de l’imprimerie.

Dans son essai, l’auteur se livre à une analyse de certains versets et sourates qu’il considère comme fondatrices de la dimension infinie, inimitable, universelle du Coran. Tout comme il s’efforce de dépeindre le portait du bon musulman à la lumière de la pratique religieuse puisée de l’observation des cinq piliers de l’Islam, dont il dissèque avec un grand souci didactique le sens profond et le message authentique prôné par le Livre Saint.

O.B

Entretien au sujet des deux nouveaux ouvrages !

Mustapha Chérif : « Islam, musulman, croire,

signifient « se mettre en état de paix »

Un entretien avec Mustapha Cherif, philosophe, expert du dialogue des cultures et des religions, professeur à l’Université d’Alger et directeur scientifique du Master International en Civilisation musulmane à l’Université Ouverte de Catalogne. Auteur d’une dizaine d’ouvrages, il vient de faire paraître aux éditions Al Bouraq à Paris (et à l’ANEP à Alger)  « Le Coran et notre temps » et « Le Prophète et notre temps ».

Pourquoi ces livres aujourd’hui sur le Prophète et le Coran?

L’avenir du monde dépend en partie du dialogue interculturel et de la relation entre les deux rives de la Méditerranée. L’ignorance a pris trop de place. L’islam est méconnu et l’objet de controverses. La littérature qui existe à son sujet est souvent celle du dénigrement, de la désinformation, de l’islamophobie, d’orientalistes et néo-orientalistes aux visées malsaines, et celle d‘intellectuels dits de culture musulmane qui se renient et se flagellent ; ou bien au contraire celle de l’apologie et du sentimentalisme de musulmans qui ne savent pas transmettre le vrai message, notamment en direction des non-musulmans.

Le Prophète est un modèle par excellence de l’humain pleinement équilibré et ouvert que le monde dominant ne connait pas. Il est celui qui est venu donner du sens et apprendre à l’humanité à surmonter l’épreuve du vivre-ensemble, de manière juste, digne et responsable. Il a libéré l’humain, contre toutes les formes d’oppression, institué la sécularité, encouragé la bonne gouvernance, l’Etat de droit et la citoyenneté, cela n’est pas assez connu.

Mon essai sur le Prophète ne se contente pas de relater sa biographie. Il présente un  éclairage nouveau dans un langage accessible, moderne, en fonction des interrogations de notre temps.Quelles décisions le Prophète aurait pris aujourd’hui face à tant de défis? J’analyse des concepts et des événements clefs de son œuvre, afin de montrer que les questions  qui étaient centrales pour le Sceau des prophètes, celles du sens de la vie, de la justice et du comportement sage, rationnel et civilisé, sont d’actualité.

Aujourd’hui, parce que notre époque est en profonde crise et que des usurpateurs du nom de l’islam favorisent la confusion, il est nécessaire de se souvenir de l’Homme total et universel, le guide qui a permis la civilisation musulmane. Il écoutait, consultait et réfléchissait toujours avant de prendre une décision.En tirant les leçons de la vie et de l’œuvre du Prophète, nous apportons des réponses claires aux questions que des musulmans et des non-musulmans se posent.

S’humaniser, réfuter toutes les formes d’indignité, d’extrémismes, d’idolâtrie, de violence, défendre les droits humains, le droit à la différence et la stricte légitime défense en dernier recours, en forgeant une société fraternelle et du savoir faisaient partie des priorités du Prophète. C’est à des années lumière de ce que la propagande religiophobe et celle des fondamentalistes, tout à la fois, laissent entendre.

Quel est le public visé par  vos deux  ouvrages ?

Il s’agit de tenter de présenter le vrai visage de la civilisation musulmane, qui, contrairement à ce qui est colporté ou mal pratiqué,  se fonde sur la sécularité, l’égalité homme femme et le respect du pluralisme. Mes ouvrages, s’adressent à tout le monde, sans limites, à nous-mêmes pour  progresser et sortir des visions étroites et idéologiques, avancer sur la voie du développement harmonieux.  Ils  s’adressent aussi  à  l’Occident, pour sortir des amalgames et des impasses. Chacun doit sortir de ses points d’aveuglements. D’autant qu’il y a des occidents et des orients et que les deux mondes sont imbriqués, liés, mêlés. Malgré elle, notre religion est instrumentalisée, sujette  à des controverses, des stigmatisations et des préjugés inadmissibles.

L’intégrisme et le fondamentalisme sont l’anti-islam. La civilisation  musulmane est incomprise et injustement déformée par certains des siens et par des non-musulmans. En Occident, même si le  génie  du Prophète est parfois reconnu par des savants, et que tous ne confondent pas entre religion et fanatisme, sa grandeur et son œuvre sont méconnues par un grand nombre. Les xénophobes, les islamophobes,  pour faire diversion, prenant prétexte de l’usurpation du nom par une minorité d’inauthentiques musulmans, trompent les opinions publiques.

En ces temps de mondialisation agressive et inégalitaire, les délires anti-musulmans prennent des proportions démesurées, exacerbés par la méconnaissance et des visées inavouées; alors que l’enjeu de notre époque devrait être le vivre-ensemble, la primauté du droit et la recherche d’une nouvelle civilisation universelle commune, par-delà les différences et les divergences. Il nous faut pratiquer l’autocritique, communiquer, expliquer, preuves à l’appui, qu’il n’y a pas d’alternative raisonnable au dialogue et au partage, énoncer clairement nos valeurs, pas seulement dénoncer les mensonges proférés.

Il s’agit avant tout de cultiver, d’instruire, d’enseigner, d’éduquer afin de faire reculer l’ignorance sur des questions essentielles. Etre citoyen européen, ou du monde moderne,  et croyant est évidemment possible et visible. En ces temps de malaise et de crise dans la culture, la politique, l’économique, c’est une chance pour tous que la question de la civilisation, de la transcendance et de l’éthique se repose de nouveau.

Quelle est la relation entre la civilisation musulmane et le développement ou le sous-développement ?

La civilisation musulmane, bien comprise, l’une des plus belles de l’humanité, a favorisé durant des siècles le vivre-ensemble et le développement équilibré, pas seulement matériel, malgré des péripéties difficiles. Rester soi-même, tout en évoluant, et s’ouvrir au monde est le bon chemin. Le citoyen de confession musulmane est capable de progrès et peut exprimer tous les besoins humains de son déploiement existentiel, s’il base son existence sur le savoir et l’éthique spirituelle.

Produire des richesses, des idées et du bien, se développer,  est une exigence, tout en respectant une éthique, des finalités. Cela signifie que si aujourd’hui des pays musulmans sont en retard économiquement et scientifiquement, le problème n’est évidemment pas l’islam, mais la responsabilité de musulmans et leur comportement, selon le contexte social, politique et historique. Nul n’est immunisé pour toujours. Les causes multiples du retard actuel et des insuffisances sont d’ordre interne et externe, elles concernent les questions de la bonne gouvernance, de l’Etat de droit, de l’économique et du rapport à la science.

Malgré des progrès et acquis, et le monde musulman est hétérogène, les problèmes de la qualité du savoir, de l’éducation, de la recherche scientifique, de la culture, sont insuffisamment pris en charge; des despotismes non éclairés et les populismes qui instrumentalisent le sacré, aggravés par la domination inique du monde développé techniquement, hier sous forme de colonisation, aujourd’hui en termes d’hégémonie, d’ingérences et de libéralisme sauvage, rendent difficiles les voies du développement durable et alternatif.

Mais le mouvement d’émancipation et de développement se prouve en marchant, les citoyens de confession musulmane de partout et les sociétés de la rive Sud, dotés de valeurs éthiques et du sens de la dignité, résistent et aspirent au sens, à la justice, à plus de bien-être et à la coexistence. Je reste confiant, malgré la complexité de la tâche.

Vous défendez donc l’accord entre authenticité et progrès, entre raison et éthique, pourquoi et quelle est la relation entre eux ?

Ce qui compte c’est articuler, sans confusion ni opposition, les dimensions essentielles de l’existence.  Les atouts existent pour répondre aux nouveaux besoins et attentes des populations désorientées. Il faut s’y atteler, en s’ouvrant au monde dans la vigilance, en revivifiant nos repères et en s’impliquant. Il s’agit de réaliser l’articulation entre authenticité et progrès, entre le spécifique et le mondial, entre l’autonomie de l’individu et l’être commun. Ni communautarisme, ni individualisme déshumanisant. Dans ce sens, la culture doit assumer sa fonction de formation de la citoyenneté et du lien social.

Dans la civilisation, il n’y a aucune raison de choisir entre des dimensions complémentaires, l’authenticité et le progrès, entre éthique et raison, entre l’un et le multiple, elles sont indissociables et complémentaires. Communauté du juste milieu, il faut tenir aux deux dimensions, sans les confondre. L’éthique s’adresse à la raison pour l’éclairer et non pour la contredire. Aucun précepte coranique ne s’oppose à la raison, au bon sens et à la science. Des interprétations passéistes, limitées,  incultes et contradictoires peuvent aboutir à des résultats et comportements illogiques. C’est la responsabilité des élites de les corriger.

Croire en islam ne signifie pas « soumission » c’est une mauvaise traduction classique. Islam, musulman, croire, signifient « se mettre en état de paix », « faire confiance », dans la vigilance, pour nouer un lien profond avec le monde et l’au-delà du monde, se libérer et assumer ses responsabilités. Dans ce sens, s’attacher à une éthique c’est refuser l’inculture, le fanatisme, les pulsions de violence et les prétentions. Au contraire cela veut dire respecter le droit à la différence, la nature, autrui, les symboles communs, le bien commun, avoir des buts, des principes et assumer sereinement son destin propre. Ce sont des actes de sociabilité, d’humanisation, d’épanouissement.

Vous donnez une priorité majeure à l’éthique, pourquoi ?

Le Prophète mettait l’accent sur cette dimension. C’est ce qui manque le plus au monde actuel. La marchandisation de l’existence aggravée par l’athéisme dogmatique, ou sa fétichisation perpétrée par le fanatisme religieux, mènent à des impasses. Ethique spirituelle et raison sont deux dons en islam qui ne se contredisent pas. Rechercher le progrès au moyen de la raison est un acte naturel. Nous avons le droit de dire : science sans conscience, sans morale, sans éthique n’est que  ruine de l’âme.

Nous avons aussi le devoir de rechercher librement le progrès sous toutes ses formes, et en même temps sans éthique, cela devient inhumain. Nous sommes confrontés à deux formes d’extrémismes : la tendance qui a peur de la liberté et celle qui a peur du sacré, elles instrumentalisent l’une ou l’autre pour des buts étroits. Dans le monde musulman contemporain, la mauvaise compréhension de la religion est une des causes des retards en matière de développement, mais  ce n’est pas à cause de la religion en soi.

Puisque c’est grâce à elle que les arabes, les berbères et de nombreux de peuples autour de la Méditerranée et au-delà, turcs, persans, africains, asiatiques, européens et des juifs et des chrétiens etc…ont connu la civilisation universelle musulmane et le progrès scientifique durant des siècles qui s’appuyaient sur la liberté et l’éthique. Tout dépend en conséquence des conditions socio-historiques et de la place que l’on réserve au savoir, à l’éthique et à l’Etat de droit, trois priorités.

Dans tous les cas, il ne faut pas confondre le spirituel et le temporel, sans les opposer, tout en recherchant l’accord entre authenticité et modernité, ce qui signifie aussi entre liberté et éthique. Il n’y a pas de liberté sans loi, il n’y a pas de progrès sans liberté. Le Prophète est venu nous rappeler ces principes.

Quel message peut-on porter aux nouvelles générations ?

Sans élitisme, ni paternalisme, l’intellectuel doit sans cesse donner à penser, éveiller les consciences et cultiver les nouvelles générations, afin d’humaniser les rapports sociaux, contribuer à réaliser une société équilibrée, juste et solidaire, aider à l’unité, au rassemblement et à la formation d’une Nation apaisée, traversée par le souffle de l’être commun. Il faut la force de la passion du pays et de l’humanité, il n’y a rien de plus beau pour tout être humain digne de ce nom.

La force d’une société ce sont ses citoyens éduqués, cultivés, patriotes, et qui se respectent mutuellement dans leur diversité. Une citation du Prophète(hadîth) est à cet égard significative :«Je suis venu  parachever  l’éducation humaine». L’interconnaissance, se cultiver, pour apprendre à vivre ensemble, détermine l’avenir. Le XXI eme siècle et l’ordre mondial seront justes ou ne seront pas.

Entretien réalisé par  la rédaction site www.oumma.com

Le Coran et notre temps (aux éditions Al-Bouraq, Paris) (et Anep à Alger)

Le Prophète et notre temps (aux éditions Al-Bouraq, Paris) (et Anep à Alger)

Mon prochain ouvrage portera sur le Dialogue des civilisations !

la crise morale mondiale, la montée des extrémismes et l'ignorance, nous obligent à redoubler d'efforts pour diffuser une culture de la paix et de la coexistence ...nous avons pour devoir de répondre au besoin de vivre de maniere civilisée. Rechercher une nouvelle civilisation commune est un impératif.
le dialogue interculturel est la voie sage pour y parvenir.  
 

Le savoir, condition du développement

Le savoir, condition du développement

L’avenir dépend de la culture et du dialogue interculturel. L’Université arabe, malgré des richesses humaines, des atouts et des progrès, est mal en point. Elle ne figure pas dans les 100 meilleures du monde. Compte tenu de la crise du libéralisme sauvage et du difficile contexte, elle produit des chômeurs au lieu des créateurs d’emploi et de richesses. En raison de la complexité, de l’importance et de la rapidité des changements et des enjeux de rapports de force dans le monde, la société moderne est de plus en plus fondée sur le savoir. L’enseignement supérieur et la recherche sont les composantes essentielles du développement sur tous les plans, culturel, social et économique des individus, des communautés et des nations. Les centaines de projets par laboratoires ne suffisent pas à répondre aux besoins s’il n’y a pas la cohérence. C’est-à-dire si un ambitieux projet de développement avec des priorités n’est pas clairement élaboré. Il est urgent de donner la priorité à l’Université pour garantir la qualité de l’enseignement et former des citoyens compétents, équilibrés et responsables.

Sans pôles d’excellence, il n’y a pas d’avenir

Si on ne produit pas une culture tolérante, ouverte et démocratique, des richesses techniques, scientifiques et culturelles, adaptées à nos besoins, on restera en retard. L’enseignement supérieur dans le monde arabe est confronté à de formidables défis et doit se transformer et se rénover plus radicalement qu’il n’a jamais eu à le faire, de sorte que la société, qui connaît aujourd’hui une  prise de conscience, une crise de sous-développement, puisse se fixer une stratégie. Il s’agit de transcender les considérations à courts termes et intégrer des dimensions plus profondes à moyen et long termes pour former une élite patriote et compétente. Sans les sciences, toutes les sciences, enseignées dans des pôles d’excellence, il n’y a pas d’avenir conséquent. Il ne s’agit pas d’élitisme, mais de haute compétence. Dans le contexte de priorité aux sciences, on doit être capables de maîtriser les technologies et les connaisances. Elles sont de plus en plus utilisées de façon variable par les établissements d’enseignement supérieur à travers le monde.
Les TIC notamment apparaissent autant comme une prestation valorisante sur le campus que comme un enseignement ouvert et à distance. Développer des politiques dans le domaine des TIC dans l’enseignement supérieur est une priorité. Les TIC dans l’enseignement supérieur sont utilisés pour développer les matériels de cours, la distribution et partage des contenus, la communication entre les étudiants, les enseignants et le monde extérieur, la création et la diffusion de présentations et de conférences, la recherche académique, le soutien administratif, l’inscription des étudiants. Malgré des efforts,  il reste du chemin à parcourir.
Les établissements d’enseignement supérieur des pays en développement ont besoin de capital humain valorisé, et une adaptation des formations à leurs besoins propres. Des progrès sont possibles malgré les défis posés par les infrastructures technologiques insuffisantes, un manque de formation des enseignants, un déficit de spécialistes avec une expérience en technologie de l’information pour aider au développement des TIC, à la maintenance, et à l’aide technique dans les établissement d’enseignement supérieur. Selon tous les spécialistes, les plans d’action et les investissements en matière de TIC sont toujours bénéfiques pour les institutions d’enseignement supérieur même s’ils ne remplacent pas toujours les modes d’apprentissage ou d’enseignement classiques. Assurément, comme le prévoyait la création de l’Université de la formation continue, les TIC peuvent fournir un plus grand accès pour les différents étudiants ciblés, et sont des moyens incontournables pour des expériences pédagogiques enrichies, en particulier pour les éducateurs à distance et les étudiants séparés par le temps et l’espace. L’enseignement à distance, virtuel est un axe d’avenir.

Compter sur nous mêmes

Pour pouvoir tirer profit des expériences des autres pays et compter sur nos propres atouts, il faut analyser les différents contextes de recherche scientifique à travers le monde, ainsi que leurs implications dans la production d’une base de connaissances adaptée pouvant à la fois soutenir les politiques nationales de développement et se greffer aux réseaux internationaux de la recherche. Pour suivre les nouvelles découvertes, il est urgent de compter sur nos élites qui souhaitent contribuer au développement. Connaître, cartographier et analyser les systèmes de recherche est une nécessité absolue en fonction de nos centres d’intérêt. Il s’agit, dans ce cadre, de faciliter les investissements dans le domaine de la recherche et faire face aux défis et obstacles spécifiques à nos pays. Ainsi, les experts prennent en considération les environnements favorables, les facteurs contraignants, et la diversité des défis posés par les transformations majeures. Renforcer le rôle de l’enseignement supérieur dans la société du savoir d’aujourd’hui en tant qu’élément essentiel du développement culturel, social, économique et politique, passe par une refonte complète du système.
En ce XXIe siècle, la compétitivité d’un pays dépend de sa capacité à produire une culture démocratique et à assimiler les connaissances pour défendre sa souveraineté, engager son développement et consolider son identité. La culture, la recherche scientifique et l’Université doivent assumer un rôle fondamental dans la production, la diffusion et l’assimilation du savoir au service de la patrie et de l’humanité. Il est donc essentiel de développer ce secteur pour sortir du sous-développement et améliorer la compétitivité du pays. Malgré d’importants acquis et de gigantesques investissements, à voir l’état  des routes et des villes, l’état des hôpitaux et des infrastructures et plus encore au vu de la violence sociale, de la dégradation de l’environnement et de la bureaucratie régnante, il y a de quoi déclarer un plan de redressement national dans tous les domaines pour assurer la bonne gouvernance. A commencer par l’université qui, malgré ses potentialités n’arrive pas à se gérer suivant les normes internationales. Comment peut-on oublier que la mondialisation affaiblit encore plus les faibles? Les avancées technologiques ont accéléré sa généralisation par-delà les frontières, mais les faibles sont ceux qui consomment sans maîtriser l’outil. La connaissance, tout comme les économies fondées sur le savoir, deviennent mondiales dans leur orientation, leur portée et leur mode opératoire, les forts sont ceux qui les produisent ou les adaptent. Dans un contexte de mondialisation et de commerce international, le processus de production du savoir dépend et des forces du marché et de la volonté politique à intégrer la culture des techno-sciences. Le savoir est ainsi devenu une arme de domination, pas seulement une marchandise comme une autre, qui s’échange.
Quand oserons-nous mettre en place des segments de l’industrie technologique, surtout en ces temps de crise, un partenariat est possible, qui générera de l’emploi et mettra les ingénieurs algériens face à leur responsabilité? La technologie étant un des facteurs de toute modernisation, autant que le bâtiment, au lieu de se limiter à acheter de l’étranger et ainsi garantir l’emploi à d’autres sociétés. La dépendance alimentaire, sanitaire et scientifique transforme tout pays en zone «fragile» sous de nouvelles formes. L’Université arabe et tous les secteurs concernés par la synergie doivent se mobiliser pour accéder au management de haute qualité.

La mondialisation et les compétences

L’enseignement supérieur en Occident attire les investissements de capitaux, stimule la compétition et génère des profits parfois plus élevés que dans d’autres domaines, et participe ainsi à la mondialisation de l’économie. Mais, dans de nombreux pays, les systèmes éducatifs ne peuvent pas fournir le nombre requis de professionnels hautement qualifiés, ce qui, paradoxalement, encourage la fuite des cerveaux, la migration d’intellectuels ayant un niveau de qualification. La compétition mondiale pour attirer des personnes qualifiées et la «guerre des cerveaux» faisant rage, on doit encourager des formes de participation multiples, comme par exemple l’enseignement à distance, espérant ainsi profiter des compétences expatriées, pour atteindre le nombre de diplômés qualifiés. L’éducation transfrontalière est devenue un élément important de la mondialisation de l’enseignement supérieur de demain, renforçant la mondialisation économique.

Les institutions s’intéressent plus particulièrement à l’éducation à distance  – nouvelle source de revenus – au moment où les places pédagogiques sont limitées et que le financement des gouvernements s’amenuise. Selon les estimations, les revenus assurés par les étudiants étrangers constituent plus du tiers du budget total de certaines universités occidentales. Les étudiants s’engagent dans l’éducation à distance, car les obstacles, espace et temps et retours sur investissement sont intéressants au niveau personnel. Autrement dit, les intérêts de ceux qui demandent et ceux qui offrent l’éducation  sont en concordance.
Les quatre modes d’enseignement supérieur à distance sont fonction de la mobilité des programmes et des matériels didactiques, des étudiants, des fournisseurs de services éducatifs, des enseignants. Entreprendre des recherches sur toutes les formes d’accès au savoir dans 20 ans est une priorité d’aujourd’hui, un sujet d’avenir. Les études sur les universités virtuelles insistent sur la souplesse des programmes et des cours via Internet.  Depuis 2009, par exemple, à mon initiative, l’Université Ouverte de Catalogne, à Barcelone, qui offre déjà plus de soixante masters scientifiques et culturels, propose un Master international en  Civilisation musulmane, (www.uoc.edu) que tout étudiant dans le monde peut suivre par Internet, selon des conditions simples. C’est l’interculturel et l’université à domicile. Le monde arabe a intérêt à retrouver le chemin des innovations dans les domaines-clés de l’éducation pour enrichir ses valeurs,  renforcer l’Etat de droit et sortir du sous-développement. Il n’y a plus de temps à perdre.Le savoir et le savoir faire sont les conditions du développement et de la bonne gouvernance. C’est possible.

(*) Mustapha Cherif

Islam and Relation with Neighbor, conference at University of Yale, Connecticut, USA

Common Word Conference: Loving God and Neighbor in Word and Deed.

University of Yale, Connecticut, USA

Yale Center for Faith and Culture

28 July 2008

Islam and Relation with Neighbor

By Mustapha CHERIF

Love is Beautiful but it is amazing that we speak about love, forgetting the bitter reality filled with hatred. We speak of love, and at the same time are faced with threats and unprecedented dangers. We must face reality without running away from our responsibilities. The gap between our theory and our application is huge. We must look for the reasons. Dialogue and living together are necessary. There is no alternative. Muslims and other global citizens notice that ignorance and lack of clarity and distortion prevail, instead of getting to know each other. More than that, after the brutal acts committed during World War II, we notice a return of hatred. Some invent a new enemy, taking advantage of criminal acts of radicals and desperate men or groups that are closed upon themselves, who betray the text of the Generous Koran and the Prophetic Sunna. This group invents a new enemy, taking advantage of the contradictions of Islamic systems, as well as our legitimate grasping of our right to differ. They create a new enemy in order to distract people and make them forget the political and moral problems above all else. The Common Word initiative aims to protect us from a day when we would say: The opportunity is lost, and we are driven to collective suicide.

In order to clarify the picture to our Christian brothers, I need to show what the vision of Islam is on basic issues which face humanity. The Islam is the religion of monotheism before God and religion of justice before humanity. Regarding to the acknowledgement of the other, and regarding to the fact that the Prophet came after the Messiah, I will remind you that Jesus says according to your texts: “Watch out for false prophets. (…)By their fruit you will recognize them. (…)Likewise every good tree bears good fruit.” Islam is a blessed tree which has brought lots of fruit. This makes you think, nothing will prevent you from acknowledging that the Prophet of Islam as a Messenger of God. First, Islam considers life and existence a trial to man. Second, God gives us trials on three levels: on the levels of time, differences, and revelation. Third, Islam considers human life as built upon freedom and responsibility. Fourth, there is no prior guarantee of happiness and prosperity for anyone. Fifth, no religion or culture has a corner on all the truth.
Sixth, man must respond to these challenges based on openness and honoring life. Seventh and last, this response must be based on awareness and caution.

The issue of relationships with others is a basic relationship which touches coexistence or clashing, peace or war, oppression or freedom, founding civilization or descending into barbarism. At this level in particular, there are risks and choices. According to Islam, whenever we ignore the idea of God, the Absolute and Infinite, who is unlike any other, we risk our existence and are closed to others and to an important part of our human experience. Relationship with others means we must have a clear idea of who man is, since man does not achieve his complete self, except through dealing with others. But in the light of closed traditions, religion can be a source of fanaticism, closed-ness, and rejecting others. The truth is that religion may give unprecedented opportunities to respect the rights of others. We can say that after the right to life, which is the foundation of all human rights, comes the right to worship God. For Islam, the understanding of the relationship with others and respect of their human rights begins when he surrenders to the unknown. For man to worship God and communicate with him, he must not be persecuted or a persecutor of others. He must also respect basic rights of all and be able to balance the rights of the individual and the group, rights of God and man. We have a trial relating to our relationships with others. This is not just accepting others, but others are essential to our lives. Openness to others, welcoming him, honoring him and listening to him must all be the first position we take in our relationships with others. Objectivity requires taking a complementary attitude based on caution, so that a person is not a hostage of the other.

Living together, we face a struggle today: the individual is cut off from the center of the society, or isolated, and forgetting the concept of communal life violates human rights.

This matter is connected with acknowledging the other as a similar and different person at the same time, or respecting his privacy in order to share. It is not enough to claim to tolerate the other; we must know him and listen to him, respect his differences, in order to be able to bear the difficulties of existence together and keeping the essential social bonds. Islam wants to be a civilization of living together and caution. We will be lacking if we miss the mark if we do not move toward living together. The brotherhood of humanity is built on a common root and common source. Islam makes us responsible and reminds us of our responsibilities, so that a Muslim must be totally open. The Koranic verses: there is no compulsion in religion, argue in a better way, you are not their sovereign, all suggest openness. There are also other verses that tell us that caution is necessary. This is the concept of balance.Openness and resisting if necessary, are our program.

Companions of the Prophet and scholars after them, and most Muslims focus on the Koran and Sunna’s requiring that human rights outweigh divine rights. Religion cam to free man, make him responsible, civilized and human, not to oppress him. The last word in the Koran is People. This means that the purpose of the Islamic message is strengthening humanity, while honoring life and living together. Naturally, freedom naturally represents the basis of existence. But absolute freedoms are not true freedoms. It is not lost upon the Muslim that rights of the other are to respect his dignity and not to impose one point of view. Being a pious, virtuous and responsible person is at the core of the Islamic message, to create an individual open to shared existence, and cautious at the same time. A virtuous person despises no one.

In complement to openness, which is basic, Islam requires cautiousness and legitimate self-defense if attacked. God does not love aggressors. We must not confuse aggression and hatred. There is no concept of holy war in Islam, but rather just resistance within strict guidelines. Without good deeds and inner peace, which are the greater jihad, there is no external peace with another who is different.

In contrast to Islam’s view, modern thought does not see the other as keeping his identity as a different individual, but as a deficient individual who must be eliminated, because he is outside the required pattern. Thus objectors, resisters, and separatists who refuse control are banned. If the different other is seen as primitive or less than human, it seems that the so-called lights are not a characteristic of our age.

If the whole society is to move toward peace and truth, we cannot build individual and corporate life and ignore the necessity of resistance and being responsible. Some modern messages want people to be quiet and turn the other cheek to the aggressor. In Islam, conflict and the hardness of the world are tests that we must pass and control wisely. In the eyes of a sincere Muslim, the other has part of the truth. Legitimate resistance is better than insults.

The true Muslim must be shocked at the barbarism of the ignorant extremists, the barbarism of the overpowering and terrorism of the weak and the strong. Islam sees the need to organize violent responses and conditions of use of force through respecting human rights. Those movements that see Islam as intolerant and a religion of violence are the same that adopt a clash of propaganda, and speeches full of hatred of the foreigner and unjust wars. The Koran and the Messenger define legitimate self-defense as defending life, not sheep and wolf type relationships.

Finally, what lessons and points of view can we take for living together tomorrow? Nothing conquers us except what we don’t resist. So we must move and think, without claiming that we have all the keys of all truth. What our age requires is communication/talking together to limit the other’s ignorance, which is confusion and wrong thinking, and educating new generations about human rights, and the call to openness, and at the same time, a call to caution and justice. There is no peace without justice. The world has seen a return of feelings of hatred toward the other. Today we jointly face huge, complicated challenges: First, marginalizing religious values or using them for narrow purposes. Second, reducing freedom and the right to differ. Third, prevalence of market logic and the return of paganism in new forms. All this is controlled by the law of the jungle and illogical responses. Thus we need to help others and they us to meet challenges. This requires us to work toward openness more than at any other time. We are like deaf people dialoguing. So we must learn how to listen and understand one another. Our age more than any other needs to be rational among ourselves, since the West and the Islamic World are joined together. Why does humanity try to destroy itself? We must tell the world to be very careful and defend basic rights of the other and restore them, for God does not love those who say and do not do.

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The Drifts of Extremes

 

 

The Drifts of Extremes

 

 

As a newspaper entitled its front page “The West against Islam”, many citizens were chocked and worried by this alarmism and the inappropriate dichotomy which exacerbate the tensions. They are angry against the extremes of all sides. One should know how to maintain reason, remain objective and keep to the right for difference and the respect of the other and suggest practical solutions to that situation. Being the basis of all beliefs and non-beliefs, citizens are not dupes to fall in the trap of confrontations and polemics in spite of fears and legitimate interrogations. Yet, we don’t know what tomorrow will be. 

While society is in need of appeasement, media elites are those who are mostly agitated to give voice to the extremists. When they pretend to inform and contribute to the resolution of problems, it is contradictory to pose them in a deliberately truncated manner. The present delirious times disturb, but inside life follows its own course and non can stop human beings to meet, share and esteem each other

Some media give voice to the extremists of denigration who double in ferocity. They seek , starting from Islam, as  any other source, to concoct a hybrid religion for themselves, a « self-Islam, » which conforms to the Faustian logic or to their fantasies, it is their business , free to them. This is neither the first nor the last individuals who folklorise and infantilize the practice of faith. Certainly, they avail much from Islam, presenting themselves as « Muslim intellectuals » and at the same time they denigrate it in a so schizophrenic manner. It is a sign of disturbance, do not give them importance.

     These « new intellectuals, » said to be from a Muslim culture, which asserts that « Islam is inherently violent, » that « God » has permanently retreated, that the afterlife is a fiction and the text of Koran is archaically made sacred. The most virulent opponents of Islam do not speak like them, with such nonchalance and especially such masochism. It is an incommensurable flaw. In addition, they keep saying they are « enlightened », that we must let them work and they are going to revolutionize the spiritual world. One wonders whether to laugh or cry, or whether to cast whichever look? It should be ignored and that believers should pray for them

     A part from their denigrating position, they are approached by the media which, not believing in their luck, hung up to them, defining them as « courageous » to periodically released the antiphon of the ( » civilized « ) West against ( » barbarian « )Islam. These media cultivate religiophobia, exclude any other party but the « rebels » against their community and have no more arguments than the repetition of insidious lies; they are followers of the idea that the prepetition of these lies will always yield something. Surfing the exasperation against marginal fundamentalist behaviors placed on the front of the stage, they blur the abyssal frontier between Islam and extremism, magnifying the culture of fear and sponsor those who deny their « origin » under the pretext of « modernizing « Islam.

      For those extreme « Muslim Intellectuals » mid-consciously, half unconsciously, it is the spiral of escalation: who says the most evil of Islam and Muslims? Through them, Muslims are summoned to deny themselves, or they are demonized. In their blindness, these « intellectuals » discredit the logic, yet unavoidable, of critique, interpretation and reform. Moreover, it is not for us to question the right to criticize religion, with virulence and in an unfounded manner. No sane man can dismiss religion from critical scrutiny, but the will  to stigmatize, offend, insult, in an obsessive manner and openly discriminatory, is not worthy of a democratic society.

      The vast majority of believers accepts criticism without limit, proves the ball while rolling, lives with its time, know what it believes and what it wants and refuses the outrageously offensive denigration, stigmatization and amalgam. It rejects all extremes. It knows that extremists who reject criticism, exploit religion and lock themselves between the folds are a tiny minority, which adds grist to the mill of the other extremes: those who denigrate in pathological manner and contribute to the invention of a new enemy. Drifts are not of the same sort, extremists influence each other. The vast majority of believers know that the extremists, on all sides, cannot fool all the people at all times. In addition, what is so great and so high, in this case, as it were for the believers, their founding references speak for themselves and cannot be reached. By the height of view and well-doing, the need for sharing and living together prevails.

Mustapha Cherif

La tolérance doit être le maître mot pour tous

L'Expression
et

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ACTUALITÉ

Les vrais propos de Mustapha Chérif
16 Février 2010 – Page : 4

Les propos du professeur Mustapha Chérif lors du Colloque sur les religions en Algérie, ont été rapportés de manière tronquée dans notre édition du 11 février. Notre philosophe et islamologue ne s’est jamais étonné de la demande de réciprocité exprimée par l’archevêque Bader. Il a au contraire affirmé que nulle contrainte en religion, la liberté de conscience est un principe non négociable et que la tolérance doit être le maître mot pour tous. Tout en appelant au discernement, pour différencier entre le droit légitime de témoigner librement de sa foi et le fait de pratiquer un prosélytisme agressif et clandestin à visée de domination. Tous les invités, présents, chrétiens et musulmans, ont apprécié la parole claire du professeur Mustapha Chérif qui œuvre avec franchise pour le vivre-ensemble et l’amitié islamo-chrétienne. Dont acte.

R.N

Derniers jours pour s’inscrire…au Master !

Universitat Oberta de Catalunya

l’université à domicile, la premiere d’Europe par Internet

Pour la première fois dans le monde un Master International en Etudes Arabes et Islamiques par Internet, Master de l’Université Ouverte de Catalogne, établissement d’Etat qui délivre des diplômes officiels, est ouvert fin Octobre 2009. Master interdisciplinaires et en plusieurs langues. Pour la première année en langue française, puis en 2010, au choix, en Espagnol, Catalan, et en 2011 en Anglais et Arabe. Formation à la fois fondamentale et appronfondie en islamologie, ouverte aux préoccupations de notre temps: faire reculer l’ignorance, les incompréhensions et l’islamophobie, réapprendre à vivre ensemble et relever les défis communs. De surcroît avec les meilleurs spécialistes et chercheurs autour de la Méditerranée. Ce Master permet une offre variée qui vise l’excellence. En Europe en particulier on constate un recul de l’enseignement en islamologie et en civilisation. Dans le monde musulman l’enseignement est souvent soumis à des approches traditionnelles. La voix d’un islam digne de ses plus hautes traditions, d’un islam non pas « modéré » – qualificatif faible- mais celle d’un islam universel, celui de l’interprétation, du savoir, de la hauteur de pensée : est peu entendue. L’avenir des relations entre l’Islam et les pays occidentaux, l’intensité des rapports entre les deux rives de la Méditerranée , l’obligation de faire progresser la connaissance pour faciliter la compréhension et le dialogue des civilisations, tout cela exige de donner la priorité à un enseignement scientifique et objectif de la religion et de la civilisation de l’Islam. L’étudiant intéressé peut choisir sa spécialisation et suivre aussi les autres cours pour obtenir une postgraduation ou le master complet. Quiconque peut suivre sans conditions la formation du Master, cependant pour obtenir le diplôme, conformément aux normes européennes, il faut disposer d’un niveau de bac + 3, ou équivalent. Ecrire à :

Le Coran

5 ECTS

Octobre

Le Prophète

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Le droit islamique

Méthodologie

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Histoire des sciences dans le monde musulman

5 ECTS

Octobre

Soufisme et

spiritualité

5 ECTS

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Ethique économique et finance islamiques

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Histoire de la civilisation islamique

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Littérature classique

et humanisme

4 ECTS

Les Arts islamiques

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Le Réformisme

Tradition et progrès

4 ECTS

La pensée moderne

Islam et modernité

4 ECTS

Islam et droits humains

2 ECTS

Information,

Communication et dialogue

4 ECTS

La démographie du monde musulman Mythes et réalités

4 ECTS

Sociologie des musulmans en Europe

4 ECTS

Géopolitique des Relations Euro-Arabe

4 ECTS

Les opinions dans le monde arabe contemporain

2 ECTS

Langue Arabe 4 ECTS

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