Le féminin et le masculin

La cellule familiale face à la crise

La femme l’égale de l’homme

Par Mustapha Cherif

La culture Arabe revisitée peut contribuer à forger une nouvelle civilisation, moderne, sans déséquilibre, ni misogynie. Affirmons immédiatement un principe de base: il n ‘ y a pas de hiérarchie entre l’homme et la femme, mais harmonie. Dans un monde soumis au rouleau compresseur de la mondialisation ambivalente et aux extrémismes de tous bords, tout le monde constate les maux sociaux qui minent la société désorientée. L’incivisme, l’individualisme et la dégradation des relations humaines, au sein de la société et de la cellule familiale, posent problème. La crise est morale.

Pour pouvoir rééduquer les nouvelles générations au respect de l’égalité homme -femme, apaiser et préserver l’humanité, il est important de revoir le fond de la question. Les vecteurs responsables de la formation civique des jeunes sont pluriels : les éducateurs, les politiques, les intellectuels, les parents, notamment les femmes, mères de famille. La responsabilité est collective. L’intellectuel a parfois l’impression de prêcher dans le désert. Pourtant, il ne faut point s’abandonner à la lassitude, toute parole réfléchie portera un jour ses fruits par la sécularisation.

Le problème est communicationnel et générationnel, comment faire parvenir le message à la jeunesse ? Il s’agit de didactique, de difficultés de mode de transmission de nos idées. Comment transmettre la vision tolérante de la vraie culture arabe et l’inculquer dans l’esprit d’une société en crise, privée d’épanouissement ? Une société qui a l’air sourde et malade. Comment répondre à ses attentes, l’éveiller au bien, l’apaiser, l’orienter ? Quel langage et outils faut-il employer ?

Le savoir, l’ijtihad et la pédagogie du juste milieu, s’imposent pour redonner à famille et à la femme une de leurs fonctions pivots : l’éducation, conformément aux valeurs bien comprises de notre patrimoine. Car si elles imitent aveuglement un modèle occidental caricaturé ou se repli dans un modèle oriental fermé et déphasé, l’avenir sera hypothéqué.

Le modèle civilisationnel

Nous ne pouvons pas bâtir une société équilibrée en dehors de notre éthique et socle civilisationnel arabo-berbère. La civilisation musulmane est celle du respect de la femme, de l’équilibre, de la recherche de l’harmonie et du vivre ensemble. La création miraculeuse de la vie repose sur l’équilibre. Dans ce sens, la vie humaine est basée sur le couple.

Contrairement à ce que prétendent les fondamentalistes et leurs délires,   l’islam vise l’égalité, l’équilibre, le partage et la complémentarité. Selon la parole du Prophète le mariage est la moitié de la religion. Respecter la femme nature, la logique de la dignité, autour de l’union d’un homme et d’une femme égaux en droits et devoirs est une donnée de base.

La question « du couple et de la femme et l’islam» est une source de quiproquos, de polémiques et d’incompréhension. Ce sujet est devenu un enjeu, instrumentalisé. Des dérives visibles dans des sociétés à tradition musulmane, relatives à la condition de la femme, ont des causes liées plus à l’ignorance et aux coutumes sociologiques qu’à la vision religieuse. Maintenant il faut expliquer la spécificité valide de ce modèle, qui a fait ses preuves et s’oppose à toutes les attitudes extrémistes. L’intégrisme et la misogynie sont l’anti-islam.

La société algérienne, proche de la notion de communauté médiane, doit se garder des dérives de toutes origines, qui dénaturent la cellule familiale. Authenticité et modernité, spiritualité et progrès, racines et universalité, autorité et équité, peuvent se conjuguer. Exclure une dimension ou l’opposer à l’autre est vouée à l’échec et suscite des troubles et dysfonctionnements.

La leçon est claire : Etre musulman et musulmane signifie respecter des repères et des valeurs, sans s’enfermer, encore moins dénaturer, instrumentaliser et discriminer. Les femmes ont les mêmes fins dernières que les hommes. Le fait, pour l’homme, d’être chef de famille et de perpétuer le paradigme patriarcal ne doit pas signifier iniquité. La femme est l’égal de l’homme. Le Coran ne distingue qu’entre ceux, hommes ou femmes, qui cherchent « Dieu » et ceux qui ne s’en soucient pas.

Il n’y a pas d’autre hiérarchie entre les êtres humains que la piété et le savoir. Chacun peut recevoir la baraka, la grâce de Dieu : « Il n’a pas été donné à un mortel que Dieu lui parle autrement que par révélation ou de derrière un voile, ou qu’Il envoie un messager (Ange) qui révèle, par Sa permission, ce qu’Il veut. Il est Sublime et Sage. » (42 : 51) Soyons toujours ouvert, apte à écouter, à dialoguer et à réfléchir avant d’agir, afin de pratiquer la justice dans nos rapports familiaux et sociaux.

Le Coran intervient pour éclairer et civiliser l’homme ( homme et femme)  confronté à l’épreuve du vivre. Il invite à honorer la vie sur la base d’une vision totale, qui ni ne confond ni n’oppose les dimensions fondamentales de l’existence. Il joint, lie et articule les aspects essentiels de l’humain dans la vie individuelle et collective, comme le masculin et le féminin. Il se veut le Critère de discernement (furqân) et de la clarté (tafçîl), et partant encourage à partager et échanger. La cellule familiale assume les prémisses de ce rôle social fondamental.

Nul n’a le monopole de la vérité et du salut. 83 fois le mot salut est cité par le Coran, pour signifier que rien n’est donné d’avance. Il faut le mériter. De notre comportement ici –bas, notamment avec nos proches, et avec toute la société, dépend le devenir. La femme est l’égal de l’homme .

Mustapha Cherif

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